Prolifique, pérenne et simple à cultiver, le framboisier est sans conteste la première plante à installer dans un jardin gourmand. Mais sa vigueur est telle qu'il est nécessaire de circonscrire les multiples rejets qu'il déploie tout autour de son pied. C'est là l'occasion rêvée de multiplier la plante.
Sur le papier, rien ne distingue le framboisier du chiendent et du liseron. S'il ne produisait en masse ses délicieuses drupes sucrées, cela ferait bien longtemps qu'il figurerait sur la liste des plantes invasives indésirables. Oui mais voilà, ses fruits ont le bon goût de plaire aux gourmets, et c'est bien ce qui le sauve. Alors on change de point de vue, et ses rejets envahissants deviennent des dons du ciel qui permettent de multiplier la plante pour rien de plus que des clopinettes.
Moins sage qu'il en a l'air
Qu'il soit remontant ou non, le framboisier (Rubus idaeus) est un petit arbuste à l'air d'autant plus inoffensif qu'il produit en grand nombre des fruits délicieux. Il s'agit pourtant d'une plante vigoureuse dont le mode de propagation est d'une redoutable efficacité. Il projette sous la surface du sol des rhizomes puissants d'où émergent, à quelques dizaines de centimètres du pied-mère, des rejets. De la sorte, il se répand en mini-forêt comme une traînée de poudre. Si l'on n'y prend garde, il a tôt fait de déborder de sa parcelle et d'envahir le jardin.
Ici la tour de contrôle
C'est la raison pour laquelle le framboisier est une plante à surveiller et même à circonscrire. Tous les ans, il faut déraciner les rejetons qui s'échappent des planches de culture afin de ne pas le laisser s'étaler. Sa vigueur est d'ailleurs telle que son implantation dans un potager n'est pas recommandée. Il est plus judicieux de lui astreindre, tout comme le topinambour, un coin bien à lui, en dehors des zones de culture où la place est comptée, afin qu'il puisse prendre ses aises et que sa propension à l'étalement pose moins de problèmes. Dans les petits jardins, mieux vaut carrément le placer dans une parcelle cerclée d'une barrière anti-rhizome afin qu'il reste définitivement à sa place.
Des petits jeunes en devenir
Cela dit, ces satanés rejets sont aussi des futurs plants en puissance qui représentent une possibilité de multiplication gratuite, simple et à grande échelle de ce précieux arbuste. Au prix où se vendent les pots de framboisier en jardinerie (environ 7,50 € le godet), l'occasion est trop belle. Si les rejets apparaissent généralement dans le courant du printemps, c'est plutôt en fin de saison, après la chute des feuilles, qu'il est avantageux de les prélever. En effet, après avoir passé plusieurs mois à biberonner la sève de la plante mère, ils sont mieux enracinés et susceptibles de supporter la transplantation, d'autant qu'ils sont alors au repos végétatif.
Prélèvement à la source
Chaque rejet est relié au pied-mère par un solide rhizome qu'il va falloir sectionner afin de pouvoir libérer le plant. Quatre coups de bêches bien sentis à une dizaine de centimètres du pied du rejeton suffisent à couper le cordon qui navigue parallèlement à la surface du sol à une dizaine de centimètres de profondeur. On emporte ainsi avec le plant un volume de terre et de radicelles suffisant pour assurer sa survie. Il n'y a plus qu'à replanter la motte telle quelle, dans un trou deux fois plus grand, généreusement rempli de terreau. Un arrosage copieux et régulier durant quelques semaines permet de garantir une bonne reprise de l'enracinement. On laisse aux pluies hivernales le soin de prendre le relais par la suite.
Et si on en a ras-la-framboise ?
Si vous n'avez pas besoin de framboisiers supplémentaires, placez les mottes dans des pots remplis de terreau, que vous pourrez offrir à vos amis, ou échanger durant les trocs aux plantes du printemps.