Le cotinus à l'automne : portrait d'un petit arbre en feu

On ne sait jamais si c'est pour son héroïque résistance à la sécheresse, pour son étonnante floraison cotonneuse ou pour son air débonnaire qu'il faut parler du cotinus. Coupons court à ces tergiversations en évoquant son feuillage, vert clair, jaune ou pourpre en saison, puis qui s'enflamme à l'automne dans une rare incandescence.

Arbre à perruque ou barbe de Jupiter, tout, dans ces deux noms vernaculaires du Cotinus coggygria, est tendu vers ce qui fait sa spécificité : son ébouriffante floraison, à mi-chemin entre la touffe de cheveux et le bouquet de poils de moustache. C'est bien joli tout ça, mais ça ne nous dit rien sur les extraordinaires couleurs mordorées que prend son feuillage à l'automne. Elles sont pourtant l'autre attrait tout aussi spectaculaire de cet arbre increvable aux mille couleurs.

Des fleurs quand même !

Même si le sujet de cet article est le feuillage du Cotinus coggygria, il est difficile de passer sous silence ce qui fait la renommée de ce fameux arbre à perruque : sa floraison duveteuse. Elle est le résultat de fleurs stériles qui se hérissent, de longues panicules filandreuses et légères que le moindre souffle d'air agite avec grâce. Perdus au milieu de cette tignasse rosée, les petits fruits aplatis issus des fleurs fertiles surnagent. Le temps venu, ils se serviront de ces parachutes pour aller germer plus loin.

Un feuillage élégant

Mais la fleur ne fait pas tout. Le feuillage de cet arbre de taille modeste, soit cinq à six mètres de hauteur, est digne d'intérêt. Les feuilles obovales (en ovale inversé) épaisses sont d'abord alternes le long des rameaux, puis forment d'élégantes rosettes à leur extrémité, donnant à l'arbre un aspect faussement touffu. Ses branches noueuses, à la croissance parfois anarchique, achèvent de lui donner un air bonhomme. La variété naturelle, dite botanique, arbore un feuillage vert très clair nervuré de jaune qui se détache naturellement des autres teintes de vert généralement plus sombres. Devant ce décor idéal, les panicules roses semblent se donner en spectacle lors de la floraison.

Vert, jaune, rouge

Les cultivars modernes ont bien sûr élargi le nuancier, permettant de colorer le jardin en hauteur durant de longs mois. Les plus fréquents sont les variétés pourpres, rouge grenat sombre, voire presque noires (« Grace », « Winecraft Black », « Dusky Maiden ») qui n'ont pas leur pareil pour animer les fonds de jardin. Les variétés à feuillage jaune (« Golden Spirit », « Lemon Lady ») étincellent au printemps avant de verdir un peu durant l'été. À dire vrai, le feuillage des cotinus colorés est rarement monochrome tout au long de la saison, tirant imperceptiblement vers le vert au fil des mois, sans jamais y parvenir véritablement. Certaines variétés s'en sont d'ailleurs fait une spécialité, comme le cotinus « Old fashioned » dont les jeunes feuilles orangées virent au vert bleuté, ou le « Flame » qui passe du brun au vert entre le printemps et l'été.

Mise à feu !

Mais assurément, le clou du spectacle arrive avec l'automne, quand les cotinus, toutes variétés confondues, s'enflamment littéralement pour prendre des couleurs cuivrées. Rouge, jaune, orange, et pourquoi pas les trois en même temps, au bord de la fluorescence quand le soleil couchant met les pleins feux sur eux, ils sont tout bonnement étincelants et attirent à eux tous les regards.