Le coléus fait partie de ces plantes tropicales frileuses trop gélives pour supporter le froid de nos hivers métropolitains. Il faut donc le cultiver comme une plante annuelle, que l'on sème au printemps et qui disparaît à l'automne. Mais le jeu en vaut la chandelle, car aucune plante ne peut rivaliser avec sa luxuriance de couleur.
Extravagant et fantasque, le coléus n'est pas du genre à raser les murs. Passé maître dans l'art d'associer des couleurs incongrues, il semble né du pinceau d'un peintre qui aurait poussé à son paroxysme les limites du tape-à-l'œil. Baroque, voire criard, il s'égaie de tous les tons, clairs et obscurs, chauds et froids, neutres et dégradés, tons rompus, tons rabattus, et bien entendu ton sur ton. Chapeau l'artiste !
Le prince de la couleur
Le coléus est le champion toutes catégories du feuillage coloré. Les teintes s'y mêlent dans d'improbables compositions, le plus souvent panachées, contrastes saisissants ou subtils variations qui ne manquent jamais d'attirer l'œil. Les jeux de couleur sont ébouriffants, parfois excentriques, associant sans vergogne vert anis, jaune vif, rouge écarlate, blanc crème, rose léger ou pourpre sombre. Avec le coléus, tout semble possible.
Une espèce, des variétés
La famille des Coléus est une vaste fratrie de plus d'une centaine de membres actifs, originaires des forêts tropicales d'Afrique, d'Amérique et d'Asie du sud-est. Mais ceux que l'on plante dans nos jardins sont pour la plupart issus d'une seule espèce, Solenostemon scutellarioides, déclinée en dizaines de cultivars hybrides tous plus bariolés les uns que les autres. L'extrême dissemblance des teintes de feuillage s'explique par la répartition disparate de teneur en chlorophylle au sein des cellules végétales. Rondes, lancéolées, lobées ou cordiformes, légèrement crénelées ou profondément découpées, les feuilles ont des nervures épaisses qui gaufrent leur limbe plein d'allure.
Une discrétion qui se voit
Au regard de ce spectacle détonnant, la floraison qui intervient durant l'été en petites grappes de clochettes montées sur une tige frêle, typique de la famille des lamiacées, pourrait sembler bien pâle et discrète. Cependant, malgré une taille modeste, leur sage teinte bleue, blanche, rose ou mauve ajoute en réalité un grain de folie supplémentaire à cette débauche de couleurs.
L'union fait la force
Le coléus apprécie une exposition mi-ombragée, éventuellement ensoleillée mais non brûlante pour ne pas affadir ses couleurs. Il exige un sol riche, profond et humide mais toujours bien drainé. De taille modeste, soit entre trente et cinquante centimètres de haut pour autant de large, il ne faut pas hésiter à le planter en masse pour obtenir un effet bœuf, en mixant les variétés. C'est d'ailleurs pourquoi les semences sont souvent vendues en mélanges. Selon le gabarit des plantes qu'on lui associe, il fait merveille à tous les plans du massif, au premier comme au dernier.
Un frileux de passage
Malheureusement pour lui, et pour nous, le coléus est une plante tropicale extrêmement gélive qui meurt sitôt que le thermomètre descend en dessous de 5 °C. C'est dire s'il a tôt fait de disparaître des massifs, et ce, bien avant l'arrivée du premier coup de gel. On l'utilise donc comme une plante annuelle que l'on installe au mois de mai après les dernières gelées, le temps d'une seule et courte saison. Le plus économique consiste évidemment à le semer à chaud, à partir du mois de mars, en bac de semis ou en godet, dans un terreau drainant, à une température d'au moins 20 °C. Heureusement, sa croissance est rapide, et il atteint en quelques mois sa taille pyramidale de croisière.
Une seconde vie
Avant l'arrivée du froid, vous pouvez mettre en pot, avec délicatesse, quelques pieds de coléus afin de les cultiver dans la maison en guise de plante d'intérieur durant l'hiver.