La larme de Job est une céréale connue depuis des siècles à travers le monde pour ses vertus nutritives. Réputée, elle l'est également pour ses graines naturellement percées de part en part, qui n'attendent plus qu'une chose une fois qu'elles ont séché : qu'on les enfile comme des perles.
Au pays d'Uts, Job pleura beaucoup des malheurs que lui infligea Satan pour éprouver sa foi en Dieu. Il perdit ses dix enfants, sept mille brebis, trois mille chameaux, cinq cents paires de bœufs, cinq cents ânesses, tous ses biens et serviteurs et contracta un ulcère malin, des pieds jusqu'à la tête. Il pleura donc beaucoup, on peut le comprendre, mais jamais ne renia son Dieu. Alors le Très-Haut, magnanime, lui rendit tout en doublant ses cheptels. Pourquoi a-t-on donné le nom de « larmes de Job » à l'herbe Coix lacryma-jobi ? Sans doute parce que ses graines séchées, telles des larmes piriformes, servent à faire, entre autres bijoux, des chapelets de prière.
Une céréale ancienne
La larme de Job (Coix lacryma-jobi) est une plante de la famille des poacées, c'est-à-dire des graminées. Il s'agit d'une céréale originaire du sud de l'Asie où elle était déjà cultivée et servait d'aliment de base il y a plus de deux mille ans, avant que le riz ne la remplace. C'est une proche cousine du maïs, auquel on a d'ailleurs cherché à l'hybrider. Également appelée orge chinois, c'est une céréale riche en protides, lipides et acides aminés, mais dénuée de gluten. On la consomme sous forme de farine ou bien encore de graines séchées ou grillées. Elle s'est au gré des siècles répandue aux quatre coins du monde.
Une herbe tropicale
La Coix lacrima-jobi (prononcez « co-hix ») est une plante herbeuse qui pousse en touffe. Elle est vivace en climat tropical où elle atteint près de deux mètres de hauteur. On la met en place au mois de mai, quand le risque des dernières gelées est passé. Elle s'accommode de tous les types de terre, à condition que le sol reste relativement humide durant la saison estivale. La floraison, peu flamboyante, mais étonnante, apparaît durant l'été au bout de longues tiges frêles.
Des graines, ou bien ?
L'originalité de la plante réside dans ses étranges capsules, que l'on prend pour des graines mais qui sont en réalité des involucres protecteurs. Gros comme des grains de café, ils naissent au bout des tiges et laissent dépasser à leur extrémité les fleurs mâles (minuscules) et l'épi de la fleur femelle qui naissent tous deux en leur sein. Pollinisées par le vent, ces dernières forment la graine à l'intérieur de l'involucre, après la fanaison qui a lieu dans le courant de l'automne. Dès lors, les cuisiniers s'intéressent au contenu, tandis que les amateurs de bijoux au contenant.
Sans clou ni vis
Traversé d'un côté par la tige et de l‘autre par les inflorescences, l'involucre de la larme de Job est donc naturellement percé. Voilà qui le rend, une fois qu'il a séché et durci, prêt à être enfilé sur un fil sans nécessiter aucun perçage. Devenus comme des petites nacres brillantes grises et beiges, en forme de larmes, ils sont prêts à servir de parure sur des colliers ou des bracelets. Et donc aussi, des chapelets.