Si en ce mois d'août, vous croisez la route de l'érythrine « crête-de-coq » en fleur, réjouissez-vous car c'est un spectacle rare. D'autant plus rare qu'il s'agit d'un arbre tropical gélif que l'on ne peut généralement cultiver qu'au prix d'une petite gymnastique horticole et d'une floraison décalée et raccourcie.
CRÊTE-DE-COQ [krεtdəkɔk] n. f. – (pl. des crêtes-de-coq) : coquetterie capillaire ostentatoire tissant un lien fort improbable entre le peuple iroquois, le mouvement punk et un oiseau de basse-cour fier et peu discret. Précédée du mot « Érythrine », la crête de coq devient un arbre tropical dont la floraison n'est pas sans rappeler l'excroissance dermique crânienne de l'oiseau sus-dit.
Un tropical pur
L'érythrine « crête de coq » (Erythrina crista-galli), parfois appelé « arbre corail », est issu du genre Erythrina qui compte pas moins de cent cinquante espèces à travers le monde. Originaire d'Amérique du Sud, c'est un arbre de zones tropicales, que l'on trouve à l'état naturel sur les rives hautes des cours d'eau, marais ou marécages. Quoique légèrement rustique, l'ensemble de ses parties aériennes meurent rapidement en dessous de -5°C.
Ce que vous ne verrez jamais
À moins d'habiter dans une zone littorale privilégiée, il est donc impossible d'assister au déploiement naturel de cet arbre au tronc large et noueux, à la jolie écorce crevassée et à la belle ramure étalée. En zone favorable, il peut atteindre cinq à six mètres de hauteur, et il étale sa floraison étonnante de la fin du mois de mai jusqu'à la fin de l'été. Sa floraison, parlons-en ! Exubérante, exotique, originale... les mots manquent pour décrire ces longues hampes dardées de quelques imposantes épines, au bout desquelles apparaissent, comme d'improbables régimes de bananes écarlates, des grappes de fleurs veloutées bien singulières. D'un rouge corail intense et manifeste, elles sont formées d'un large étendard ployant vers le bas, surmonté d'une corolle atrophiée, enroulée sur elle-même, où se logent les organes reproductifs.
Un autre visage
Si la ramure de l'érythrine crête de coq est peu rustique, il en va tout autrement de sa souche. En effet, lorsque celle-ci est généreusement recouverte d'une épaisse couche de paillis (20 cm de feuilles mortes, paille, broyat…), elle s'avère beaucoup plus résistante, bravant des froids frisant les -15°C. Il devient alors possible de la cultiver dans la plupart des jardins, à condition évidemment d'adapter la culture à cette caractéristique. À la fin de l'automne, il convient de rabattre troncs et branches à vingt centimètres du sol, puis de pailler la souche. Ainsi habillé pour l'hiver, l'arbre peut passer la saison froide et renaître de ses cendres au printemps suivant, exactement comme une plante vivace.
Conséquences logiques
Un tel protocole hivernal a bien entendu des répercussions sur le comportement et la croissance de l'arbre. En l'état, il faut d'ailleurs plutôt parler d'un arbuste, tellement son développement contrarié le confine dans un port buissonnant nanifiant. Il atteint en effet péniblement les deux mètres en tous sens à la fin de la saison. Pour la même raison, ce traitement de choc impacte directement la période et la durée de floraison, celle-ci ne pouvant s'opérer qu'après le développement préalable de la ramure, ce qui prend évidemment plusieurs mois. Il en résulte une floraison décalée de presque trois mois et fortement raccourcie, de la mi-août au début de l'automne. En revanche, la beauté et la luxuriance de celle-ci ne sont pas remises en cause.
Autonomie totale
L'érythrine crête de coq s'accommode de tous les types de sols, à condition qu'ils soient drainants et frais. En outre, il s'agit d'une fabacée, capable de fixer directement l'azote de l'air. Pas besoin d'engrais !