À l'automne, vous pouvez prévoir d'égayer votre pelouse en y installant des bulbes à floraison printanière. Cependant, afin d'éviter que cette riche idée ne se transforme en calvaire lors des premières tontes de printemps, ou pire, en raté magistral, de grâce, ne choisissez pas n'importe quelle espèce.
Au jardin, il est des bonnes idées qui n'en sont plus dès lors qu'on ne prend pas assez de précautions pour les mettre en œuvre. Combien de jardiniers n'a-t-on pas entendu râler d'un cœur aigri : « Le coup des bulbes dans la pelouse, c'est du pipeau, de la flûte, du fifre ! Ça ne marche pas ou alors c'est trop d'entretien ». Sans doute ces amateurs de fleurs et de musique n'ont-ils pas, au moment d'installer les bulbes dans leur pelouse, choisi les espèces adéquates.
Une riche idée
L'installation de bulbes dans une pelouse est une technique relativement connue dans les jardins, mais finalement assez peu répandue, pour agrémenter les gazons d'un peu de relief et de beaucoup de couleurs. C'est en effet à la fois une manière d'égayer élégamment une vaste étendue monochrome, tout en attirant de la biodiversité (des insectes butineurs principalement) dans un désert biologique. Sur le papier, l'idée est donc excellente.
Une technique simple
Il n'y a pour la mettre en œuvre qu'à planter à l'automne des bulbes dans le gazon. Pour cela il suffit de faire un trou, d'y mettre un bulbe à la profondeur recommandée selon l'espèce, de remplir le trou de terreau, d'arroser gentiment, puis de laisser agir la nature pour qu'au printemps suivant des feuilles puis des fleurs apparaissent. Avec le temps, les bulbes se multiplient, offrant le magnifique spectacle d'un tapis coloré se densifiant chaque année. En règle générale, on choisit de planter des bulbes à floraison printanière car ils ne nécessitent aucun entretien ou arrosage, en privilégiant les petits formats (15 à 20 cm de hauteur maximum) afin de créer un joli effet tapissant.
La question de l'entretien
Cependant, l'opération se heurte à un problème majeur : les plantes à bulbes doivent pouvoir rester en place jusqu'au jaunissement complet de leur feuillage après la floraison. En effet, celui-ci permet au bulbe de faire les réserves nécessaires à son prochain fleurissement en réabsorbant la sève contenue dans les feuilles. Or, une pelouse demande à être tondue. Alors que faire ? Tondre simplement la pelouse et raser les bulbes, au risque de les affaiblir et de compromettre leur survie. Ou bien ne pas tondre les zones fleuries, en laissant pousser des îlots d'herbes folles et disgracieuses.
Une histoire d'espèce
Pour trancher ce nœud gordien, il suffit de sélectionner avec soin des espèces à floraison précoce, dont le cycle complet, incluant la fanaison du feuillage, arrivera à son terme avant que la première tonte ne s'impose, c'est-à-dire vers la mi-mars. Parmi ces champions de la précocité, citons les célèbres perce-neige, les crocus et certaines variétés de narcisses très précoces qui fleurissent entre janvier et février. Mais il est possible de faire preuve d'originalité en se tournant vers des espèces moins connues comme la nivéole de printemps (Leucojum vernum), le puschkinia (Puschkinia scilloides), la gloire des neiges (Chinodoxa luciliae) et l'éranthe d'hiver (Eranthis hyemalis).