La giroflée arbustive est peut-être la plus intéressante des giroflées à installer dans le jardin. Vivace, persistante, imposante et surtout très florifère, c'est une plante qui structure et égaye les massifs en toute saison. On la sème comme une bisannuelle, au mois de juin, pour une première floraison au printemps suivant.
Il est difficile de croire que la giroflée arbustive, aux jolies fleurs mauves et au parfum délicat, appartient à la famille des brassicacées. La parenté avec ces lourdauds de choux, ce rustre de colza ou la piquante roquette ne saute pas vraiment aux yeux. Mais bon sang ne saurait mentir, ses fleurs en croix qui se transforment en siliques garnies de graines après la fanaison sont caractéristiques du genre et la trahissent irrévocablement. On ne choisit pas sa famille…
Un gros coussin
Si la giroflée arbustive (Erysimum x linifolium) n'est pas aussi connue que la giroflée ravanelle (Erysimum cheiri), sa cousine botanique dite « des murailles », aux lumineuses fleurs orangées, elle n'est pourtant pas dénuée d'intérêt. Cet hybride horticole ancien se comporte comme un arbrisseau persistant dont le feuillage vert bleuté reste en place durant l'hiver et forme avec les années un coussin volumineux parfaitement sphérique de près d'un mètre de diamètre. C'est donc une plante ligneuse qui occupe les massifs toute l'année et permet de les structurer.
Une longue floraison
Les fleurs de la giroflée arbustive apparaissent une première fois vers le mois de mars, selon les zones de culture. À travers l'épaisse frondaison, elles émergent en grappes verticales au bout de petites hampes florales où les fleurs groupées en inflorescences mauves formées de quatre pétales en croix, caractéristiques des brassicacées, restent en place jusqu'à la fin mai. Et si alors on prend soin de tailler les fleurs fanées, l'arbrisseau refleurira à la fin de l'été, pour une floraison un peu moins massive, mais qui durera jusqu'aux premiers coups de froid.
Frugale mais costaude
Comme la plupart des membres de l'espèce, la giroflée arbustive est campée sur un solide réseau racinaire qui extirpe au mieux l'eau et les nutriments. C'est une plante frugale, qui se contente de sols pauvres, secs ou caillouteux et qui peut faire face à des sécheresses importantes, d'autant qu'elle a tendance à se mettre au repos végétatif durant les étés caniculaires. Sa seule exigence est de bénéficier d'un sol bien drainé, pas trop lourd, de manière à ne pas stagner dans l'humidité durant l'hiver, ce qui tend à réduire sa rusticité qui frôle, en temps normal, les -12 °C.
Un semis tardif
Puisqu'elle n'est pas toujours facile à trouver en pépinière, la meilleure manière de multiplier la giroflée arbustive est de pratiquer des semis. Or, en début de végétation, la plante se comporte comme une plante bisannuelle. On la sème donc en juin ou juillet, de manière à obtenir une petite rosette de feuilles qui va passer l'hiver au ras du sol. Puis, dès le printemps suivant, elle va se développer rapidement et fleurir pour la première fois. Ce n'est bien sûr qu'au bout de quelques années que l'on obtient un imposant coussin richement fleuri.
Les petits soins
Semez les graines dans des caissettes remplies de terreau drainant. Maintenez une humidité constante afin de favoriser leur levée et préservez-les du soleil. À la fin du mois d'août, repiquez les plants en godets, puis à la fin septembre, plantez-les en terre. Tant qu'elles sont jeunes, vous pouvez les associer étroitement avec des annuelles florifères, mais par la suite, leur embonpoint nécessitera de leur allouer un bon mètre carré rien que pour elles.
Un doux parfum d'épice
C'est de leur parfum suave et délicat, qui n'est pas sans rappeler le clou de girofle, que les giroflées tirent leur nom.