Les plantes tomenteuses ont les feuilles recouvertes d'un fin duvet de minuscules poils, une particularité héritée de leur longue adaptation aux climats secs où l'eau se fait rare et la chaleur oppressante. Elle donne en outre à ces plantes chameaux des qualités esthétiques indéniables, grâce à leur aspect argenté.
Lorsqu'il est dans la main, le poil ne sert à rien. En revanche, lorsqu'il est sur la feuille, c'est tout autre chose. Le poil se transforme en instrument fort utile pour lutter contre le manque d'eau, la chaleur et même les ravageurs. C'est même un fastueux apparat qui colore les feuillages de gris et d'argent et apporte des couleurs nouvelles dans les massifs. En somme, vive le poil !
La toison d'argent
Est tomenteuse, toute plante recouverte de poils fins, donnant une impression feutrée. Cet aspect duveteux du feuillage, souvent discret, peut néanmoins devenir ostentatoire, au point d'être repris jusque dans les noms scientifiques ou vernaculaires des plantes. C'est notamment le cas pour l'une des plus emblématiques d'entre elles, le Stachys lanata (lanata signifiant « laine »), autrement appelé épiaire laineux ou oreille d'ours. On ne peut pas être plus explicite.
Le résultat d'une longue adaptation
À de rares exceptions près, les plantes tomenteuses sont originaires de milieux arides et chauds. Dans ces contrées hostiles, la survie des végétaux dépend de leur capacité à gérer le manque d'eau et l'ensoleillement extrême durant la saison estivale. C'est dans ce contexte que le duvet, ou tomentum, qui recouvre leur feuillage, joue un rôle essentiel. Il est formé par des milliers de poils microscopiques, appelés trichomes, dont la forme ramifiée, un peu comme un flocon de neige, génère du volume. Leur entassement crée ainsi, à la surface des feuilles, une couche d'air « filtrant ».
La gestion de l'eau
Ce fin molleton de poils joue un double rôle au niveau de la consommation d'eau en favorisant son entrée tout en limitant sa sortie. Il agit comme une éponge capable de retenir les moindres gouttelettes de rosée matinale, afin qu'elles soient absorbées directement au niveau des feuilles par les stomates. En parallèle, au plus fort de la chaleur, l'épaisseur des poils forme une couche isolante qui maintient une microscopique lame d'air humide à la surface des feuilles, ce qui a pour effet de limiter l'évapotransiration, c'est-à-dire les pertes en eau. Enfin, le duvet isole les feuilles des effets desséchants du vent.
La gestion de la chaleur
Évidemment, par effet logique, cette couche isolante préserve la fraîcheur, aussi infime soit-elle, autour des feuilles. Agissant comme un système d'ombrage portatif, le tomentum permet de réfléchir la lumière, réduisant les coups de chaud mais aussi les effets nocifs de certains types d'UV et rayons infrarouges. Dans ces moments de repli, l'activité photosynthétique est bien entendu réduite, plaçant la plante dans une période de repos végétatif partiel.
Une équipe qui gagne
Les plantes tomenteuses offrent de nombreuses possibilités de mises en scène chromatiques grâce à leur feuillage argenté, souvent persistant. Elles sont également souvent assez rustiques à condition que le sol soit bien drainé. On peut citer pêle-mêle les artémises, les phlomis, les lavandes, les molènes, les ballotes et les cinéraires, mais aussi la sauge officinale, le convolvulus, l'hélichrysum et son enivrante odeur de curry, la santoline, le buddleia et j'en passe… Voilà un joli panel de teintes grises, bleutées ou argentées, qui permet d'infinies nuances de tons.
Un repoussoir notoire
Les poils offrent aussi un rempart efficace contre les chenilles, gastéropodes et autres insectes herbivores qui ne sont pas capables de les ingurgiter. Elles sont donc rarement la proie de nuisibles.