La meilleure manière de lutter contre la prolifération des moustiques dans le jardin consiste à faire la chasse aux eaux stagnantes afin d'éviter les éclosions de larves. Cela dit, il serait regrettable de devoir vider les précieuses réserves d'eau de pluie pour si peu. D'autant qu'on peut faire de ces cuves d'eau, leur tombeau.
Monsieur Moustique n'est pas le sanguinaire que l'on croit. Il est plutôt fleur bleue, et préfère se repaître de nectar et de pollen, comme le font les insectes butineurs. C'est sa perfide femelle qui nous larde de son rostre.
De l'eau pour les œufs
Chez les moustiques, c'est Madame qui pique et aspire notre sang, afin d'emmagasiner l'énergie nécessaire à la ponte de ses quelque cent cinquante à deux cents œufs. Durant le mois que dure son existence, et à condition d'être bien repue, elle peut engendrer une nouvelle ponte toutes les quarante-huit heures. Pour ce faire, elle a besoin d'une eau dormante à la surface de laquelle elle pond ses œufs qui engendreront des larves aquatiques. Une à trois semaines plus tard, celles-ci se transformeront en adultes.
Méfiez-vous de l'eau qui dort
C'est donc en supprimant les eaux qui stagnent aux quatre coins du jardin que l'on empêche la ponte, et par conséquent, l'apparition des moustiques. Cette recherche, qui est la base de toute lutte antimoustique qui se voudrait efficace, consiste à vider scrupuleusement les soucoupes sous les pots, les fonds de seaux, d'arrosoirs, les bidons vides mal fermés et tous les contenants où l'eau s'accumule. En réalité, il est très difficile de dénicher toutes les potentielles pouponnières à moustiques que constituent les moindres retenues d'eau, d'autant que les larves n'ont besoin que de quelques centilitres pour survivre. Mais il faut s'y atteler.
Eau de pluie ou moustiques, faut-il choisir ?
Et voilà qu'encouragée par les canicules à répétition, la récupération des eaux de pluie, qui est désormais une pratique répandue (et vertueuse), se heurte à cette lourde contrainte. En effet, la plupart des cuves ou des réservoirs sont rarement assez hermétiques pour empêcher la minuscule dame moustique d'y pondre… quand elles ne sont pas tout simplement à ciel ouvert ! D'un côté ces cuves contiennent une précieuse ressource, de l'autre, elles constituent potentiellement de véritables nurseries à moustiques. Comment ne pas s'arracher les cheveux face à un si cruel dilemme ?
La mort frappe de l'intérieur
La réponse est venue d'une bactérie microscopique découverte dans une mare quelque part en Israël durant l'année 1976, nommée Bacillus thuringiensis israelensis ou Bti pour les intimes. Il s'agit d'un micro-organisme, prédateur naturel de larves de moustiques et de certains diptères (mouches noires, etc.). Son utilisation est simple : on verse dans l'eau des cuves une « poudre d'œufs » de Bti que les larves ingurgitent en filtrant l'eau. Par un processus complexe de réaction au pH, les œufs éclosent au cœur du système digestif des larves, et les bactéries les dévorent par l'intérieur. C'est cruel, oui, mais c'est efficace.
Une bactérie naturelle
Le Bti, comme le Bt kurstaki, déjà très utilisé pour lutter contre les chenilles du jardin, est un produit naturel totalement inoffensif pour les humains, les animaux et tout ce qui n'a pas le métabolisme d'une larve de moustique ou de mouche. Plongé dans l'eau, le Bti reste actif durant environ quatre à cinq semaines. Il y est d'autant plus actif que l'eau est remuée régulièrement, afin de le faire remonter vers la surface qui est la zone évolutive de prédilection des larves.
Système D
Quand cela est possible, la pose d'une moustiquaire sur les orifices des cuves, notamment celles qui n'ont pas de couvercle, suffit à empêcher les pontes. L'eau passe à travers, mais Madame moustique, non !