L'association des couleurs dans le jardin est une grande question, voire, un vaste programme. D'autant que cet art subtil oscille sans cesse entre trois notions qui se télescopent : la théorie, la pratique et le goût personnel. Il n'en reste pas moins que plusieurs grands principes, qu'il est bon de connaître, se dégagent.
Alors quoi ? L'harmonie des couleurs au jardin ne serait que l'addition froide de grands principes théoriques ? Bien sûr que non. L'inextricable fouillis des jardins naturels en témoigne. Le semis spontané, qui déplace les plantes selon le vent et change les couleurs au gré des générations et des hybridations, crée souvent de jolis spectacles. En effet, outre du bon goût, la maîtrise stricte des couleurs dans le jardin requiert un peu de travail…
Un petit tour sur la grande roue
Instrument de base de la théorie des couleurs ô combien instructif, la roue chromatique nous apprend à distinguer les couleurs primaires « pures » et à connaître les secondaires et tertiaires qui leur sont associées. La disposition des couleurs, en particulier avec le cercle chromatique de Johannes Itten, qui permet de visualiser facilement parentés et contrastes, sert de point de départ à la réflexion du jardinier en recherche d'associations. C'est un outil purement théorique qui donne la valeur d'une couleur, en tenant à distance la notion trop subjective de l'appréciation. Et l'on découvre que le rouge qui s'oppose au vert, l'orange au bleu et le jaune au violet sont à la base des notions de contrastes qui donnent du dynamisme et du relief aux massifs.
Souffler le chaud et le froid
En théorie toujours, d'autres concepts s'érigent en grands principes. Les couleurs chaudes (rouge, jaune et orange) qui attirent le regard par leur éclat, ont tendance à écraser les perspectives. Mieux vaut les réserver aux grands jardins ou les placer au premier rang. À l'inverse, les couleurs froides (bleu, rose, violet), que l'on peut facilement associer au blanc et aux feuillages argentés, tendent à agrandir l'espace. Elles sont donc à utiliser en priorité dans les petits jardins. Les jardins en camaïeux s'organisent autour d'une couleur dominante, que l'on complète avec des teintes secondaires et tertiaires. Enfin, à l'ombre, on privilégie les couleurs claires ou pastel tandis qu'au soleil on étale les tons vifs ou sombres.
Le facteur environnemental
Après cette petite approche théorique, il est temps de descendre dans le jardin, où des contraintes chromatiques vous attendent déjà et dont il va falloir tenir compte. Mur en brique rouge, paillage en pouzzolane mauve, haie de cyprès « toujours verts » sont autant d'écrins imposés qu'il faut bien appréhender. À vous d'adapter la couleur des fleurs à celles du mobilier et du cabanon, ou l'inverse quand vous devez en changer. L'harmonie générale du jardin passe par cette nécessaire prise en considération.
Une affaire de goût
Tout ceci ayant été asséné, il reste un élément de taille à ne pas négliger : vos goûts. Que vous soyez adepte du jardin monochrome où se succèdent tout au long de l'année des floraisons de la même teinte ou amoureux du jardin naturel aux coloris aléatoires, finalement peu importe. Si votre jardin vous plaît, après tout, vous en êtes le principal spectateur.