Le physalis, plus connu sous le nom d'amour-en-cage, est une appellation qui ne veut rien dire si l'on ne prend pas la précaution de le compléter par son nom d'espèce. En effet, comme il y a des amours multiples, il existe plusieurs physalis, qui tous, évidemment, n'ont pas les mêmes caractéristiques.
Amour-en-cage, lanterne chinoise, prune des Incas, coqueret du Pérou, cerise de terre ou groseille du Cap sont autant de noms vernaculaires qui désignent, avec une approximation coupable, le physalis. Or, le groupe des physalis comporte près d'une centaine d'espèces, dont trois au moins peuvent être cultivées dans nos jardins ou potagers. Alors il est temps de faire un point précis sur la question, car quand on parle d'amour, a fortiori s'il est en cage, il convient d‘être clair, la moindre ambiguïté pouvant être lourde de conséquences et de ressentiments.
Un fruit naturellement ensaché
Les physalis font partie de la famille des solanacées, au même titre que la tomate ou la pomme de terre. Ils se distinguent par une fructification décorative qui survient longtemps après que la plante a discrètement fleuri en début d'été. En effet, après la fanaison, le calice enfle autour du fruit, en formant une membrane protectrice d'un à deux centimètres de diamètre. D'abord invisible, le fruit se distingue à mesure que cette enveloppe disparaît en se desséchant, avant de trôner au milieu d'une petite cage formée par les seules nervures du calice. À maturité, tout ce joli monde tombe sur le sol, le choc de l'impact libérant alors le fruit de sa cage.
Le physalis ornemental
C'est généralement le Physalis alkekengi que l'on affuble des petits noms poétiques d'amour-en-cage et de lanterne chinoise. Sous nos climats, c'est le seul physalis suffisamment rustique (-10 °C) pour pouvoir être cultivé en tant que plante vivace. C'est aussi le plus décoratif puisque ses lanternes rutilantes se colorent de rouge ou d'orange durant tout l'automne. C'est une plante ornementale herbacée, d'environ soixante centimètres de hauteur, qui trouve sa place dans les massifs plutôt que dans le potager, bien que son fruit, quoiqu'assez insipide, soit comestible. Campé sur de solides rhizomes traçants, l'alkékenge peut se montrer envahissant lorsqu'il est à son aise.
Le physalis des gourmands
Les noms de coqueret du Pérou, groseille du Cap et prune des Incas sont propres au Physalis peruviana. De même aspect et gabarit que l'alkékenge, ses calices beiges sont beaucoup moins décoratifs, mais qu'importe puisqu'il produit des fruits orangés aux saveurs exotiques marquées et originales, à la fois sucrées et acidulées. C'est lui que l'on retrouve sur les étals des primeurs à des prix exorbitants (15 à 20 € / kg) qui justifient pleinement de le cultiver, d'autant qu'il produit en abondance des petits fruits qui se conservent durant de très longues semaines. Malheureusement, le coqueret du Pérou vient très tardivement à maturité, en novembre et parfois plus tard encore. Il exige donc des arrière-saisons chaudes et ensoleillées que seules les régions les plus méridionales peuvent offrir.
Le physalis précoce
Heureusement pour les jardiniers du nord de la France, il existe une autre espèce, le Physalis pruinosa (ou pubescens), plus compacte (environ 30 cm de haut) mais plus précoce. Il produit des baies moins grosses, les « cerises de terre », mais qui ont la bonne idée de mûrir dès la fin de l'été. C'est l'espèce à favoriser dans les régions où les saisons sont courtes. Leur goût sucré aux notes d'agrumes est assez remarquable.
Si ce n'est mûr, c'est donc toxique
Les fruits du physalis ne sont comestibles qu'une fois bien mûrs. Comme chez toutes les solanacées, les fruits verts, les tiges et les feuilles contiennent de la solanine, une substance toxique à forte dose.