Face à l'inflation galopante, le smic a été revalorisé de façon automatique et atteint désormais 11,27 € brut de l'heure. Mais savez-vous comment est calculé le salaire minimum interprofessionnel de croissance ? On fait une mise au point.
Voilà plus de 70 ans que la législation française a instauré une rémunération minimale en dessous de laquelle il est illégal d'employer quelqu'un. Le smig, devenu ensuite le smic, constitue le socle de la réglementation du travail en France. On vous dit tout sur cet acquis.
Du smig au smic
C'est à la présidence socialiste de Vincent Auriol que l'on doit la création du smig pour « salaire minimum national interprofessionnel garanti », comme il s'appelait alors. Dans le contexte d'après-guerre, la loi du 11 février 1950 entendait restaurer la liberté de négociation des salaires, notamment grâce aux actions collectives des syndicats, après onze ans de contrôle absolu par l'État. Afin d'éviter certaines dérives, la législation a donc instauré le smig pour pallier l'absence de concertation dans les secteurs où les organisations professionnelles étaient faibles. À l'époque, il était fixé à 64 (anciens) francs brut de l'heure en région et à 78 francs à Paris. Ceci dit, le gouvernement n'entendait pas en faire une référence ni que son éventuelle augmentation ne se répercute sur l'ensemble des autres salaires, comme le réclamait déjà certains syndicats, en tête desquels la CGT.
En se basant uniquement sur l'inflation, le smig n'a cependant pas permis d'empêcher que l'écart entre les plus hauts et les plus bas salaires ne se creuse. Vingt ans plus tard, la révolution sociale de mai 1968 a alors donné lieu à de fortes revendications des syndicats réclamant une augmentation de 35 % du salaire minimum ! Face à l'ampleur du mouvement, la présidence gaulliste de Georges Pompidou a donc acté l'échec du smig et l'a remplacé par le smic, le salaire minimum interprofessionnel de croissance, à travers une loi du 2 janvier 1970 qui entendait mieux répartir les fruits de la croissance.
Une évolution forte
Cette rémunération plancher évolue en fonction de trois mécanismes. Chaque année, une revalorisation automatique a lieu au 1er janvier en tenant compte de façon partielle du gain de pouvoir d'achat du salaire horaire moyen des ouvriers et des employés. Cette évolution se base en outre sur l'inflation pour les 20 % des ménages ayant les revenus les plus faibles. En complément, une revalorisation s'opère en cours d'année, dans le mois qui suit toute augmentation d'au moins 2 % de l'indice des prix à la consommation publié par l'Insee. Enfin, le gouvernement se réserve le droit de booster le salaire minimum à tout moment et de façon discrétionnaire, en allant au-delà des mécanismes en place. Ces fameux « coups de pouce » ont d'ailleurs servi à réduire les inégalités salariales durant toute la décennie 70, en contribuant à faire rapidement grimper le smic de 3,36 francs brut de l'heure cette année-là jusqu'à 13,37 francs en 1980. Si le salaire minimum a depuis largement augmenté, en passant de 6,67 € à 9,40 € brut horaire entre 2001 et 2012, aucune hausse supplémentaire, en dehors des mécanismes automatiques, n'a été appliquée depuis cette date. En revanche, du fait de l'augmentation des prix à la consommation, le smic est passé de 10,57 € début 2022 à 11,27 € de l'heure au 1er janvier 2023.