Les vignerons face au changement climatique - Minizap Grenoble
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Les vignerons face au changement climatique

Épisodes extrêmes, hausse globale des températures : certains secteurs agricoles, comme la viticulture, subissent de plein fouet les conséquences du changement climatique. On fait le point avec un professionnel.

Le changement climatique met la vigne et ses travailleurs à rude épreuve. Comment les vignerons s'adaptent-ils ? Quels outils mettre collectivement en œuvre pour un secteur plus résilient ? Éclairage avec Étienne Goulet, directeur technique de l'interprofession des Vins de Loire.

Quel est l'impact du climat sur les vignerons ?

Les aléas et épisodes extrêmes (gel, sécheresse, vagues de chaleur…) impactent le quotidien par à-coups, et d'autres, plus linéaires, changent les caractéristiques de la vigne et doivent être gérés en continu. L'exemple des vendanges précoces est bien connu. Non seulement le climat se réchauffe, mais on vendange maintenant au mois d'août : c'est la double peine. Cela implique de gérer différemment les ressources humaines et les équipes, de parfois vendanger de nuit à cause de la chaleur. L'enjeu humain est crucial, car cette incertitude a des conséquences importantes sur la santé et les risques psychiques des travailleurs.

Quid du rendement des cultures et du goût du vin ?

L'effet yo-yo s'accentue, tandis que les contraintes hydriques font baisser les rendements de manière constante. Par rapport à la qualité, on a des raisins plus sucrés, donc des vins plus alcoolisés – ce qui tend aussi à compliquer la vinification. Tout cela est couplé à une acidité moins importante. La qualité organoleptique des produits change, mais il faut rappeler que le vin a toujours évolué, même au sein d'une appellation. Ce qui pose question aujourd'hui, c'est plutôt la rapidité de cette évolution.

Comment les vignerons s'adaptent-ils ?

L'adaptation est multifactorielle et ne se fait pas du jour au lendemain. On peut choisir l'emplacement de la parcelle, mais aussi le matériel végétal. Nous avons la chance de pouvoir travailler sur des porte-greffes. Toutefois, le porte-greffe résistant à la sécheresse n'existe pas, même si la recherche continue en ce sens. La diversité intravariétale permet aussi de s'adapter, ou autrement, on peut redécouvrir des cépages « patrimoniaux », voire implanter des cépages étrangers. Les techniques annuelles consistent quant à elles dans la gestion hydrique, l'enherbement, l'ombrage… Il faut aussi prendre en compte les techniques à la cave, si le raisin arrive trop sucré ou trop acide par exemple. Enfin, le volet économique et la question de la régulation des stocks sont tout aussi importants, afin de piloter la quantité des vendanges sur une dizaine d'années et de lisser le revenu des vignerons.

Comment les Vins de Loire ont-ils anticipé ce virage ?

Il y a 30 ans, sans forcément parler de réchauffement climatique, nous travaillions déjà sur l'adaptation des parcelles au climat. Dès les années 1990, la Loire a été pionnière dans les « études Terroir ». Il reste quelques vignobles à cartographier mais aujourd'hui, il s'agit du seul vignoble au monde qui a, à cette échelle, des points de sondage précis dans chaque parcelle donnant les caractéristiques du sol, consultables librement sur Techniloire.com via l'outil E-Terroir. Cette cartographie fixe est enrichie de données météo actualisées chaque nuit, permettant notamment d'avoir un bilan hydrique en direct. Nous avons aussi développé un Atlas agroclimatique, disponible sur le site, reposant sur des modélisations du GIEC afin de connaître les données climatiques pour chaque terrain à l'échelle 2050 et 2100. Pluviométrie, température… ces indicateurs sont traduits de manière concrète avec des variables agroclimatiques applicables à la vigne (véraison, maturité…).

Pouvez-vous nous parler du Plan Filière Loire ?

Nous nous sommes fixé un objectif de 100 % d'exploitations engagées en certification environnementale d'ici 2030. L'idée est que notre viticulture doit s'adapter, mais pas au détriment de l'environnement. Passer en certification HVE (Haute valeur environnementale), le niveau le plus élevé, ne suffira pas à pallier le changement climatique, en revanche cette labellisation assure des évolutions vertueuses. Mais pour convaincre les exploitants, il faut de la pédagogie, comme avec le programme Vitilience à l'échelle nationale, ou, en Loire, la mission Climat Eau Carbone, qui présente des techniques d'adaptation et d'atténuation de l'empreinte carbone au cas par cas. Bien entendu, ces modèles vertueux doivent aussi être économiquement intéressants. La réglementation est un autre levier : par exemple, si la certification environnementale devient obligatoire pour l'exportation, c'est incitatif. Dans tous les cas, il est essentiel que les vignerons soient acteurs du changement. La recherche participative et les exploitations pilotes permettent de construire main dans la main.

Propos recueillis par Charlotte Arnaud
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© iStock / City Presse
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