À cause d'une synergie de facteurs, la production et la récolte des graines de moutarde ont fortement baissé au niveau mondial. Explications.
Alors que l'huile de tournesol et certaines céréales commencent à manquer, leur production et leur acheminement étant perturbés par la guerre en Ukraine, une autre denrée essentielle pourrait bientôt être absente des rayons de nos supermarchés. Touchée à la fois par le conflit, la prolifération d'insectes ravageurs et une récolte catastrophique du fait de mauvaises conditions climatiques, la moutarde connaît actuellement de fortes difficultés d'approvisionnement.
La moutarde de Dijon, un condiment français ?
Si la moutarde vendue dans nos magasins est bien transformée en France, la grande majorité des graines provient de l'étranger. Ainsi, le Canada est le premier exportateur mondial, représentant 80 % de la production globale. En Europe, les premiers producteurs sont les pays de l'Est, notamment l'Ukraine et la Russie, tandis que la France ne produit que 10 à 15 % de ce qu'elle consomme.
Le changement climatique en cause ?
Outre la guerre en Ukraine qui paralyse les exportations de nombreux produits agricoles de cet État souvent considéré comme le « grenier de l'Europe », la sécheresse sans précédent qui a frappé l'Amérique du Nord en 2021 a drastiquement fait chuter la production canadienne des graines, passée de 100 000 tonnes en 2020 à seulement 50 000 tonnes en 2021, soit une baisse de 50 %.
En outre, la grosse altise, un insecte qui raffole des plants de moutarde, s'est récemment multipliée du fait de l'interdiction pour risques sanitaires de l'insecticide jusqu'alors utilisé pour l'éradiquer. À cause de ce nuisible, la production française a été divisée par trois au cours des cinq dernières années. Résultat : le prix des graines a quadruplé, et certains fabricants ont préféré stopper leur production. D'autres aliments industriels contenant de la moutarde, comme la vinaigrette et la mayonnaise, commencent donc également à se raréfier.