Soirée baroque : Thomas Dunford, Jean Rondeau et Jean-Luc Ho - Bel-Air Claviers Festival

D’abord, on s’installe au jardin, et il y a là, Thomas Dunford qui attend comme nous que la soirée commence. Sa façon d’attendre, c’est de chanter des chansons, il y mêlera l’Angleterre élisabéthaine et ses propres compositions.
Thomas Dunford est rejoint par Jean Rondeau. Ils s’installent au salon de musique. On est à la cour, ils papotent comme deux musiciens de la fin du XVIIe siècle. Les papotages des musiciens de l’époque, ça donne des sarabandes, des gavottes, des rondeaux, des chaconnes et des tas d’autres choses délicieuses
qu’on découvre en improvisant sur ses instruments. Ce n’est pas pour rien
qu’on l’appelait le grand siècle.

Enfin arrive Jean-Luc Ho pour compléter l’intrigue. Changement complet de tableau : on convie le grand Bach dont on interprète à deux clavecins les sonates en trio pour orgue. Pour ce concert de retrouvailles entre Jean-Luc et Jean, on pourra imaginer la scène : c’était il y a vingt ans, ils n’étaient pas bien vieux, tous deux élèves de Blandine Verlet, et parce que chez elle, on apprenait autant la liberté et l’audace que le toucher du clavecin, ils se sont attaqués à ces sonates
en trio, pour jouer, tout simplement, c’était tout ce que Blandine aimait, qu’on jouât, comme dans le mot joie ! C’est pour elle qu’ils joueront ce soir.

La soirée se termine. On quitte la grande salle du château pour se réfugier dans l’intimité de la villa. Si vous n’avez encore jamais assisté à un concert de clavicorde, vous allez être émerveillé par cette façon mystérieuse d’éclairer la nuit à la lumière de flammes vacillantes mais viriles. Il faudra retenir les battements de son cœur, pour pouvoir tendre l’oreille. Alors, alors ! la nuit se fera
nouvelle pour vous, comme une nuit transfigurée dans le plus grand secret.


19h : luth avec Thomas Dunford
Dowland, Kapsberger, Dunford...
20h : Jean Rondeau, clavecin, Thomas Dunford, luth
De Visée, Marin Marais, Couperin, Forqueray
Entracte
Jean Rondeau, Jean-Luc Ho, clavecins, Thomas Dunford, luth, théorbe
Sonates en trio, Bach

Thomas Dunford :
Il a une tête, deux bras, deux jambes, deux oreilles, deux yeux et un luth. On devait déjà le voir à l’échographie, jaillissant des côtes. C’est pour cela qu’il ne s’en sépare jamais, et en joue partout, dans les aéroports, dans les bars, dans les musées, au tout petit matin ou en plein midi. Même quand il savoure des mets avec Brillat-Savarin à l’Hôtel du Lion d’Argent ou des pâtisseries de chez Ragueneau, parce qu’il est gourmet, son instrument n’est jamais très loin. La musique de son luth, c’est sa respiration. C’est sans doute
pour cela que la moindre de ses notes a toujours l’air de sortir pour la première fois d’un premier matin, avec la fraîcheur du tout premier jour.

Jean Rondeau :
Pour lui, la musique est simple. C'est ainsi qu'il la vit. Comme une promenade au jardin des simples, c'est à dire des herbes qui parfument et qui guérissent.
Jean Rondeau ne cesse de parcourir ces allées bien alignées dont les carrés débordent de folies au vent. Il a dû lire un jour, dans Nietzsche : "les choses les plus simples sont très compliquées - on ne peut assez s'en étonner."
Alors la musique ne cesse de l'étonner.

Jean-Luc Ho :
De l’enfant sage, Jean-Luc Ho a gardé et l’enfance et la sagesse. Et de l’enfant
fugueur, il a extrait l’art de la fugue. Muni de ces viatiques, il ne cesse d’explorer les claviers, au clavecin, au clavicorde, ou à l’orgue, dans une maîtrise parfaite et un ton toujours juste, s’entourant d’amis d’exploration, facteurs, chercheurs,
interprètes, musicologues, artisans, avec lesquels il ne se lasse jamais
d’inventer de nouvelles aventures baroques. C’est sa façon à lui de jouer, avec lui la générosité n’a pas de limites.