Cette affection le plus souvent bénigne, caractérisée par une inflammation du pancréas entraînant de vives douleurs abdominales, peut toutefois dégénérer et avoir des conséquences graves sur la santé si elle n'est pas traitée à temps. On vous dit tout sur cette pathologie.
Douleurs violentes au niveau de l'estomac qui irradie jusque dans le dos, nausées, vomissements, abdomen enflé et sensible au toucher, fièvre, occlusion intestinale… et si la pancréatite aiguë était la cause de ces maux ? Cette maladie, qui consiste en une inflammation aiguë et rapide du pancréas, touche entre 15 000 et 20 000 personnes dans l'Hexagone. Elle nécessite une prise en charge médicale rapide sous peine d'entraîner de sérieuses complications et même, d'engager le pronostic vital du patient. Explications.
Le pancréas, un organe indispensable
Situé à gauche de l'estomac, le pancréas est une glande chargée de deux fonctions principales. La première vise à réguler le taux de sucre dans le sang en sécrétant des hormones endocrines, comme l'insuline et le glucagon, tandis que la seconde consiste dans la production des enzymes essentielles à la digestion (lipase, amylase, trypsine, etc.), également appelées sucs gastriques. Or, il peut arriver, pour diverses raisons, que ces sucs, censés être acheminés vers l'estomac, se retrouvent bloqués dans les canaux pancréatiques et agressent l'organe même qui les fabrique en le « digérant », d'où une inflammation sévère.
Des dysfonctionnements liés au mode de vie
Les causes de la pancréatite peuvent être diverses, mais les deux plus fréquentes sont les calculs biliaires (responsables de près de 40 % des cas), ainsi que l'alcoolisme chronique (30 %). Les calculs formés dans la vésicule peuvent obstruer le canal pancréatique lors de leur migration vers l'estomac. Leur apparition est favorisée par un régime riche en graisses et des pertes de poids brutales.
Une tumeur du pancréas, cancéreuse ou bénigne, peut également entraîner une pancréatite aiguë, de même qu'un taux trop élevé de calcium ou de triglycérides dans le sang. La prise de certains médicaments (œstrogènes, anticancéreux, diurétiques, antiépileptiques), et une infection virale (hépatites, VIH, oreillons) ou encore un traumatisme de l'abdomen peuvent aussi plus rarement être en cause.
Enfin, certaines pancréatites, dites idiopathiques, n'ont pas d'origine connue.
Des complications sérieuses
Dans 80 % des cas, la pancréatite aiguë va spontanément se résorber au bout de quelques jours. Toutefois, il n'est pas exclu qu'elle dégénère en pancréatite aiguë sévère, mortelle dans plus de 50 % des cas. Le pancréas se nécrose alors peu à peu, entraînant des insuffisances cardiaques et respiratoires, des troubles rénaux, des kystes, des lésions provoquant des défaillances d'organes voisins, des hémorragies internes ou encore des infections graves pouvant évoluer en septicémie. Une pancréatite aiguë peut aussi se transformer en pancréatite chronique, qui peut elle-même être à l'origine d'un diabète ou du développement d'un cancer. Il ne faut donc en aucun cas se montrer négligent !
Un traitement de choc
Si vous soupçonnez une pancréatite, demandez sans plus attendre à votre médecin de vous prescrire des analyses pour déterminer le taux d'enzymes pancréatiques, les lipases, contenu dans votre sang. Une lipasémie anormalement élevée, associée aux douleurs localisées, est symptomatique d'un trouble du pancréas. Des examens d'imagerie complémentaires, comme une tomodensitométrie ou une échographie, peuvent aussi être effectués pour rechercher d'éventuelles complications ou la présence de calculs.
Un patient souffrant de pancréatite aiguë doit immédiatement être hospitalisé en unité de soins continus, voire intensifs, où un traitement assez lourd visant avant tout à soulager les symptômes sera mis en place. Le malade se verra administrer par intraveineuse des antalgiques et des antiémétiques (contre les nausées et vomissements) puissants, et même des antibiotiques en cas d'infection. Il devra également rester à jeun pendant quelques jours, une à deux semaines en moyenne, afin de laisser le pancréas au repos, et sera donc alimenté et hydraté par intraveineuse, puis par le biais d'une sonde gastrique.
Pendant ce temps, les médecins tenteront d'identifier les causes de la pancréatite afin de les traiter. S'il s'agit de calculs biliaires et que ceux-ci ne sont pas spontanément évacués, une endoscopie visant à les retirer ainsi qu'une ablation de la vésicule peuvent être envisagées. S'il s'agit d'une pancréatite due à l'alcoolisme, un programme de sevrage sera proposé par des addictologues.
Mesures de prévention
Pour éviter une récidive et ne pas fatiguer davantage le pancréas, une diète pauvre en graisses mais riche en fibres devra être mise en place. Les aliments mous, faciles à digérer, comme la soupe ou la purée, seront à privilégier. L'alcool et le tabac étant des facteurs à risque, il sera également recommandé de ne pas boire ni fumer.
