Congélation des ovocytes, un bébé pour plus tard ? - Minizap Chambery
Santé

Congélation des ovocytes, un bébé pour plus tard ?

Depuis la loi bioéthique d'août 2021, les femmes qui souhaitent congeler leurs ovocytes pour recourir plus tard à une PMA peuvent le faire sans raison médicale. Il existe néanmoins des conditions à cette technique, qui ne garantit d'ailleurs pas une future grossesse.

À l'heure où la question du « réarmement démographique » agite le débat public, une technique médicale permet aux femmes de préserver leur fertilité. La congélation des ovocytes – aussi appelée cryoconservation ovocytaire – s'adresse en effet à celles qui subissent une maladie susceptible d'altérer leurs chances de tomber enceintes un jour. Mais depuis la loi bioéthique du 3 août 2021, cette procédure médicale est également ouverte aux femmes qui souhaitent congeler leurs ovocytes pour convenance personnelle. Comment ça marche ? Quelles sont les conditions pour en bénéficier ? Quelle efficacité ? On fait le point.

Préserver sa fertilité

Déjà autorisée en France en prévention d'un traitement anti-cancéreux impactant les organes génitaux, pour un don d'ovocytes, lors d'une fécondation in vitro ou en cas de maladie telle que l'endométriose, la cryoconservation ovocytaire est, depuis 2021, ouverte à toutes les femmes. Régie par l'article L-2141-11 du Code de la santé, cette procédure s'adresse à « toute personne dont la prise en charge médicale est susceptible d'altérer la fertilité, ou dont la fertilité risque d'être prématurément altérée. »
C'est donc là le but premier de cette technique médicale : permettre aux femmes de préserver leur fertilité, qu'elles souffrent d'une pathologie, qu'elles souhaitent attendre avant d'envisager une grossesse ou qu'elles n'aient pas encore trouvé le partenaire avec qui se lancer dans l'aventure de la parentalité !
Ainsi, selon les derniers chiffres de l'Agence de biomédecine, entre l'entrée en vigueur de la loi bioéthique en 2021 et la fin de l'année 2022, 11 500 femmes ont fait une demande pour congeler leurs ovocytes, près de 4 800 ont été reçues en consultation et 1 778 ont bénéficié d'au moins une conservation.

Sous quelles conditions ?

Mais la cryoconservation ovocytaire est soumise à conditions. En effet, il faut être âgée de 29 à 37 ans, même s'il est conseillé de le faire avant 35 ans car la réserve ovarienne et la qualité de l'ovocyte diminuent avec l'âge. Le coût total de cette procédure oscille entre 2 000 et 3 000 € selon la stimulation ovarienne, les examens médicaux réalisés, l'anesthésie, l'hospitalisation et la congélation des ovocytes. Si la Sécurité sociale prend en charge les actes liés au prélèvement des gamètes, l'anesthésie et l'hospitalisation, les frais de conservation en cuve sont eux facturés, généralement aux alentours de 45 € par an. Après la congélation de leurs ovocytes, les femmes peuvent en jouir jusqu'à l'âge de 45 ans, les faire détruire ou en faire don. Dans tous les cas, il est nécessaire de renouveler ses vœux chaque année.

Comment sont congelés les ovocytes ?

La procédure de cryoconservation ovocytaire est assez longue : les rendez-vous sont fixés avec plusieurs mois d'attente, du fait des nombreuses demandes, et il est nécessaire de réaliser un test de fertilité ainsi qu'un bilan de santé complet en amont. Vient ensuite la phase de stimulation ovarienne dont l'objectif est de booster la production d'ovocytes. La ponction des ovocytes se déroule en bloc opératoire, sous anesthésie locale ou générale, avec guidage par échographie. Une fois prélevés, les ovocytes font l'objet d'une vitrification, c'est-à-dire qu'ils sont plongés dans de l'azote liquide où ils sont congelés à une température de -196 °C. Cette congélation ultra-rapide permet une meilleure survie des gamètes.

Quelles chances de grossesse ?

Si la cryoconservation ovocytaire permet aux femmes d'avoir moins de pression face à la fameuse horloge biologique, elle n'est pas pour autant gage de future grossesse. En effet, aucune technique d'assistance médicale à la procréation, quelle qu'elle soit, ne peut garantir un tel résultat. La preuve avec ces chiffres communiqués par l'Académie de médecine : lors d'une procédure de vitrification, entre 8 et 13 ovocytes sont en moyenne prélevés par cycle menstruel et après décongélation, 85 % de ces gamètes survivent. Jusqu'à 36-40 ans, les chances de grossesse avec un ovocyte congelé sont de 5 à 7 %, mais après la quarantaine, les chances chutent à 1 % en moyenne. Les médecins recommandent donc de congeler entre 15 et 20 ovocytes (sur deux cycles) pour espérer une grossesse.
Si, en France, nous avons encore peu de recul sur le succès de la cryoconservation ovocytaire pour convenance personnelle, étant donné que le dispositif est récent, une étude menée au Royaume-Uni de 2008 à 2017, et dont les résultats ont été publiés en 2019 dans la revue Journal of Assisted Reproduction and Genetics, a démontré que seul un cinquième des femmes ayant congelé leurs ovocytes pour des raisons non médicales les ont finalement utilisés. En cause ? Certaines changent d'avis sur leur désir de maternité, quand d'autres parviennent à concevoir un enfant naturellement. Aussi, seules 21 % des patientes ayant utilisé leurs ovocytes congelés ont réussi à tomber enceintes.

Si vous souhaitez vous renseigner sur la congélation des ovocytes, vous pouvez demander conseil à votre médecin traitant ou à votre gynécologue, mais aussi contacter un centre d'assistance médicale à la procréation agréé près de chez vous, dont vous trouverez la liste sur www.procreation-medicale.fr.

M.K
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