Paris 2024, la flamme des Jeux olympiques ne brille plus sur les consoles

Pour la première fois depuis plus de trente ans, les Jeux olympiques d'été ne seront pas accompagnés de leur pendant officiel sur console. Cette absence marque la fin d'une longue tradition et reflète les profonds changements de l'industrie vidéoludique.

Depuis plus de trois décennies, les Jeux olympiques d'été s'accompagnaient invariablement d'un compagnon virtuel : leur adaptation officielle en jeu vidéo sur console. De Barcelona '92 à Tokyo 2020, ces titres ont permis aux joueurs du monde entier de vivre l'expérience olympique depuis leur salon, avec des fortunes diverses. Pourtant, alors que les Jeux de Paris 2024 battent leur plein et donnent des envies d'en découdre un joystick à la main, un vide inhabituel règne dans les étals numériques. Pour la première fois depuis 1992, aucun titre officiel n'a vu le jour sur les plateformes traditionnelles.

Une tradition sans lendemain

La tradition des jeux vidéo olympiques officiels remonte à 1992, avec le titre Olympic Gold : Barcelona '92. Depuis lors, chaque olympiade estivale a vu naître son pendant numérique, offrant aux joueurs l'opportunité de s'essayer virtuellement aux disciplines phares des Jeux - expérience qu'il est rare de rencontrer le reste du temps. Ces adaptations, bien qu'inégales en termes de qualité et de succès commercial, sont devenues un rituel attendu par de nombreux fans. Des épreuves emblématiques comme le saut à la perche, le 100 mètres ou le 110 mètres haies ont ainsi été reproduites, édition après édition, sur les consoles de salon. La disparition des Jeux olympiques sur console s'explique principalement par des considérations économiques. Ces titres souffrent d'une fenêtre de commercialisation extrêmement restreinte - seulement deux mois tous les quatre ans - ce qui limite drastiquement leur potentiel de ventes. Cette contrainte, couplée à l'explosion des coûts de développement et aux frais élevés d'exploitation de la licence olympique, rend ces projets de moins en moins rentables. Contrairement aux franchises sportives annuelles comme EA Sports FC, qui bénéficient d'une base de fans fidèles et d'un code réutilisable d'une année sur l'autre, les Jeux olympiques peinent à fidéliser leur public. Ce déclin s'est amorcé progressivement, les compilations d'épreuves simplistes perdant peu à peu de leur attrait face à des simulations sportives toujours plus réalistes et immersives. L'édition Tokyo 2020, sortie sur la populaire Nintendo Switch, n'a atteint qu'un million de ventes, illustrant le désintérêt croissant du public pour ce type de jeux.

Bout de course

Face à ces défis, l'industrie du jeu vidéo a dû repenser son approche des adaptations olympiques. La série Mario et Sonic aux Jeux olympiques fut une tentative de renouveau en 2008, profitant du succès de la Wii et de sa manette à détection de mouvements pour offrir une expérience ludique et familiale pour le moins jubilatoire. Cependant, ce succès s'est avéré éphémère, ne parvenant pas à se reproduire sur les consoles plus récentes, malgré les 7 millions de copies vendues rapidement. Les difficultés de promotion spécifiques aux Jeux olympiques ont également pesé dans la balance. L'impossibilité de choisir une superstar universelle comme ambassadeur, contrairement aux jeux de football ou de basket, complique la stratégie marketing. L'avenir se trouve peut-être du côté du mobile, poule aux œufs d'or de l'industrie. La solution retenue pour Paris 2024 illustre parfaitement le virage en cours : Olympics Go !, un jeu gratuit sur smartphones et PC, propose une expérience minimaliste mais accessible. Avec ses graphismes limités et son modèle économique basé sur les microtransactions, ce titre représente un compromis entre les attentes des joueurs modernes et les contraintes économiques des adaptations olympiques. Cette évolution vers le mobile et le free-to-play, avec achat intégré, résume à elle seule l'ensemble des problématiques qui frappent de plein fouet un secteur qui connaît une bien sombre année 2024 avec plusieurs dizaines de milliers de licenciements.