En 2004, Nintendo surprend le monde avec la Nintendo DS, une console portable qui bouleverse les codes établis. Avec son double écran, son tactile avant-gardiste et ses fonctionnalités inattendues, elle devient un terrain d'expérimentation sans précédent pour les développeurs. Vingt ans plus tard, elle reste l'une des machines les plus audacieuses et influentes de l'histoire du jeu vidéo.
Fin 2004, Nintendo lance, pile à l'heure pour les fêtes de Noël, une console qui allait non seulement marquer l'histoire du jeu vidéo, mais aussi redéfinir la manière d'y jouer : la DS. Avec son design unique à double écran et ses fonctionnalités inédites, elle représentait un pari audacieux pour l'entreprise japonaise, alors en difficulté après les performances décevantes de sa GameCube. Pourtant, ce pari s'est transformé en triomphe. Avec plus de 154 millions d'unités vendues, la DS est devenue la deuxième console la plus populaire de tous les temps, derrière la PlayStation 2. Mais au-delà de son succès commercial, elle a surtout brillé par son caractère expérimental, offrant aux développeurs et aux joueurs un terrain d'innovation sans précédent.
Un pari audacieux
Le succès de la Nintendo DS repose avant tout sur une stratégie audacieuse centrée sur l'innovation. Plutôt que de rivaliser avec ses concurrents sur la puissance technique, Nintendo a misé sur des idées inédites : un double écran dont l'un était tactile, une connectivité sans fil, un microphone intégré et même une compatibilité avec les jeux de la Game Boy Advance. Ces choix, parfois jugés farfelus à l'époque, ont ouvert la porte à de nouvelles façons de jouer, incitant les développeurs à explorer des concepts encore inédits. En faisant de l'expérience utilisateur une priorité, Nintendo a créé une machine qui ne ressemblait à aucune autre, séduisant un public bien au-delà des joueurs traditionnels.
Double écran
Si la Nintendo DS s'est imposée comme une réussite commerciale, c'est avant tout grâce à son caractère profondément expérimental, qui a bouleversé les conventions du jeu vidéo. Sa fonctionnalité la plus emblématique, le double écran, a immédiatement ouvert de nouvelles perspectives. Bien que certains jeux aient utilisé cet écran supplémentaire de manière assez basique – comme pour afficher des cartes ou des menus –, d'autres, plus ambitieux, ont exploité cette configuration pour réinventer les mécaniques de gameplay. Dans The Legend of Zelda : Phantom Hourglass, par exemple, l'interaction entre les deux écrans devenait une part intégrante des énigmes, allant jusqu'à demander aux joueurs de fermer et rouvrir leur console pour résoudre un casse-tête.
Prime à l'innovation
L'écran tactile, autre innovation majeure, a également marqué un tournant : bien avant l'avènement des smartphones, il permettait une interaction directe avec le jeu, que ce soit pour dessiner, tracer des trajectoires ou même simuler un joystick, comme dans Metroid Prime: Hunters. À ces caractéristiques s'ajoutaient des fonctionnalités moins visibles mais tout aussi audacieuses, comme le microphone, utilisé dans des titres comme Nintendogs ou Phoenix Wright pour souffler ou parler, ou encore la possibilité de tenir la console verticalement, comme un livre, dans des jeux tels que Hotel Dusk: Room 215. Même le port secondaire pour cartouches a donné lieu à des idées surprenantes, avec des accessoires comme une poignée pour Guitar Hero ou une cartouche de vibration pour Metroid Prime Pinball. La DS ne se limitait pas à des innovations matérielles : elle introduisait aussi des fonctionnalités sociales, avec PictoChat ou le jeu en ligne naissant dans Mario Kart DS, préfigurant ce qui deviendra essentiel dans les générations suivantes. En rassemblant toutes ces idées, parfois farfelues mais toujours audacieuses, la Nintendo DS a offert un terrain de jeu unique aux développeurs, donnant naissance à des expériences qui auraient été impensables sur d'autres consoles. Par la suite, Nintendo a su capitaliser sur l'expérience acquise avec sa super star, notamment à travers la Switch, autre succès nippon, qui s'est écoulé à 145 millions d'unités... à dix encablures de sa glorieuse devancière. De très bon augure pour la Switch 2 qui devrait pointer le bout de ses Joycons l'an prochain.