La tech se fait l'écho d'une guerre froide numérique. Après des années de turbulences suite à l'embargo américain, Huawei contre-attaque avec HarmonyOS Next, un système d'exploitation mobile conçu pour s'émanciper de la tutelle de Google. Ce coup d'éclat pourrait rebattre les cartes sur un marché longtemps figé, tout en ravivant les tensions sino-américaines.
Dans le monde des smartphones, une nouvelle révolution gronde. Face à l'hégémonie d'Apple et de Google sur les systèmes d'exploitation mobile, et sur fond de guerre économique que ne renierait pas James Bond, Huawei, géant chinois des télécommunications, lance HarmonyOS Next, une solution entièrement conçue pour s'affranchir de l'emprise américaine. Cette initiative audacieuse marque un tournant dans l'histoire mouvementée de l'entreprise, frappée de plein fouet par un embargo imposé par les États-Unis en 2019. Au-delà d'une simple réponse technique, ce nouvel OS incarne les tensions géopolitiques entre deux superpuissances et pourrait redessiner le paysage technologique mondial. Alors que les utilisateurs français ont vu les smartphones Huawei disparaître progressivement des rayons du fait de l'absence, notamment, des services Google (YouTube, Gmail, etc.), cette renaissance inattendue pourrait rebattre les cartes.
Bras de fer sino-américain
L'histoire remonte en mai 2019. L'administration Trump, brandissant des accusations d'espionnage rocambolesques, inscrit le géant chinois sur une liste noire, lui interdisant de facto toute collaboration avec des entreprises américaines. Cette décision, aussi brutale qu'inattendue, prive soudainement Huawei de composants essentiels et, plus crucial encore, de sa licence Android. Du jour au lendemain, les nouveaux smartphones de la marque se retrouvent orphelins du Play Store et de l'écosystème Google, piliers de l'expérience Android hors de Chine. Pour Huawei, alors au faîte de sa gloire et challenger sérieux d'Apple sur le podium mondial, c'est un coup de tonnerre. L'embargo vient non seulement perturber sa chaîne d'approvisionnement, mais surtout amputer ses appareils d'applications jugées indispensables par les consommateurs occidentaux. Le constructeur, qui avait conquis l'Europe grâce à des appareils innovants et compétitifs, voit subitement son avenir international s'assombrir. Les répercussions de l'embargo américain sur Huawei ont profondément reconfiguré le marché des smartphones. En Europe, bastion stratégique de la marque chinoise, les ventes s'effondrent rapidement. Cette désaffection entraîne un bouleversement du paysage concurrentiel, profitant notamment à des compatriotes comme Xiaomi ou Oppo, prompts à combler le vide laissé par Huawei. Parallèlement, l'affaire cristallise les tensions sino-américaines, devenant l'emblème d'une guerre économique et technologique plus large. Washington, invoquant la sécurité nationale, cherche à endiguer l'influence croissante de la Chine dans les technologies de pointe, particulièrement la 5G. Pékin, de son côté, dénonce un protectionnisme déguisé visant à freiner l'ascension de ses champions nationaux.
En quête d'harmonie
C'est dans ce contexte mouvementé que débarque HarmonyOS Next. Ce système d'exploitation, entièrement développé en interne, marque une rupture nette avec Android, offrant une alternative complète à l'écosystème Google. Doté d'une interface fluide et d'une optimisation poussée, HarmonyOS Next promet une amélioration de 30 % des performances et une réduction de 20 % de la consommation énergétique. L'intégration poussée de l'intelligence artificielle, avec des modèles conçus par Huawei, vise à offrir une expérience utilisateur plus intuitive et personnalisée. Fort de 15 000 applications compatibles dès son lancement, le système séduit déjà en Chine, où Huawei a repris sa place de leader, défiant même Apple sur son propre terrain. Pour les utilisateurs français et européens, l'arrivée potentielle d'HarmonyOS Next soulève des questions intrigantes. Si le système parvient à s'imposer comme une alternative crédible à iOS et Android, il pourrait diversifier l'offre sur un marché longtemps dominé par le duopole Google-Apple.