Après avoir racheté Twitter pour près de 44 milliards de dollars, Elon Musk a décidé de libérer le célèbre oiseau bleu. Le réseau social s'appelle désormais X et entend suivre l'exemple de WeChat en Chine, en multipliant les services interactifs (audio, vidéo, création de contenu, etc.), mais aussi en s'intéressant aux opérations bancaires et financières... Comme X.com, la première entreprise lancée par l'insaisissable visionnaire en mars 1999.
Nous sommes en 1999, le jeune Elon Musk a sa première intuition : il faut dépoussiérer le vieux système bancaire et utiliser la puissance de l'internet naissant pour faciliter les transferts de fonds et les paiements. C'est ainsi qu'est né X.com, l'un des premiers sites à fournir des services bancaires en ligne à ses clients. L'entreprise voulait rendre les transactions financières aussi simples et pratiques que possible. Vingt ans avant l'explosion des banques en ligne, la start-up offrait une variété de services financiers, y compris des comptes courants et d'épargne, des prêts aux petites entreprises et même une assurance. L'un des éléments les plus innovants était son service de paiement en ligne, qui permettait aux utilisateurs de transférer de l'argent par courrier électronique.
Malgré son ambition, X.com a rencontré un certain nombre de problèmes opérationnels et réglementaires, et le modèle d'affaires de la banque en ligne n'a pas été aussi réussi que Musk l'avait espéré. Il est toujours délicat d'avoir raison trop tôt. Lorsque X.com a acquis Confinity en 2000, elle a également acquis le service de paiement en ligne PayPal de Confinity, qui a finalement pris le dessus et est devenu l'aspect principal de l'entreprise. En 2001, X.com a été rebaptisé PayPal pour refléter ce changement. En 2002, en raison de désaccords internes concernant les choix technologiques, plus précisément l'opposition de Musk à la migration de l'infrastructure Unix de PayPal vers Microsoft Windows, l'entrepreneur est éjecté de son poste de PDG, juste avant le rachat de PayPal par eBay pour 1,5 milliard de dollars. Musk reçoit environ 10 % de la vente et finance ses autres projets de grande ampleur : SpaceX (2002) ou Tesla Motors (2004).
Le chant du cygne bleu
Ces défis fous, couronnés de succès, ont donné des ailes à Musk qui, dans un coup de folie dont il est coutumier, a décidé de racheter Twitter, l'an passé, pour la modique somme de 44 milliards de dollars. Comme tout ce que fait Musk, la somme est déraisonnable : le réseau social peine à dégager des bénéfices et croule sous une dette technique que les anciens dirigeants n'ont jamais résorbée. La prise de pouvoir par l'homme d'affaires est un bouleversement profond qui laisse des traces : la moitié des effectifs a été renvoyée sine die, les règles de modération se sont assouplies et la vérification des comptes est devenue payante. Les annonceurs, échaudés par les prises de position clivantes de Musk, ostensiblement libertaires, fuient, au point que l'oiseau bleu perd la moitié de ses revenus publicitaires. De nombreuses personnalités somment les foules de quitter le navire pour des plateformes concurrentes, comme Mastodon ou, plus récemment, Threads, le rival signé Facebook. La situation est délicate, mais les utilisateurs demeurent fidèles, Twitter enregistrant même des records d'audience au cours de ces derniers mois.
Dès le rachat du réseau, Elon Musk a annoncé que la plateforme sociale allait être renommée en « X », dans la lignée de la première aventure du visionnaire. Le patron de Tesla a attendu la nomination de Linda Yaccarino, figure reconnue dans l'industrie des nouvelles technologies, à la tête de Twitter pour opérer ce changement drastique. Le 24 juillet dernier, l'oiseau bleu a pris son dernier envol. Le logo sur les bureaux de San Francisco a été décroché au profit d'un « X » stylisé. Pour boucler la boucle, Musk a annoncé que X allait étendre son champ d'action en développant ses services interactifs (audio, vidéo, contenu, etc.), mais aussi en intégrant des offres bancaires et financières. Les contours concrets restent flous et il faudra attendre le déploiement réel de ces fonctionnalités pour y voir plus clair. Une chose est sûre, X s'inscrit désormais pleinement dans le conglomérat de Musk avec SpaceX, notamment, mais aussi X.ai, qui vient d'être créée pour concurrencer OpenAi et ChatGPT.