Les carottes de conservation se sèment au début de l'été afin qu'elles arrivent à maturité dans le courant de l'automne. Elles seront alors prêtes à être récoltées et stockées dans les meilleures conditions. Le tout étant de sélectionner les bonnes variétés et de préserver les plantules de la chaleur et de la sécheresse estivale.
Au premier regard, rien ne ressemble plus à une carotte primeur qu'une carotte de conservation. Au second aussi d'ailleurs, car il s'agit strictement du même type de légume-racine, qu'aucune caractéristique extérieure ne permet de distinguer. On dit que même les lapins, pourtant grands spécialistes de la question, s'y cassent les dents. Tant mieux, car ils seront ainsi moins à même de dévaster vos cultures.
Anticiper le bon moment
La différence entre les carottes primeur, d'été ou de printemps, et les carottes de conservation hivernale tient à leur capacité à rester consommables plus ou moins longtemps après la récolte. De croissance relativement lente, les carottes de conservation arrivent à maturité optimale environ quatre à cinq mois après le semis. C'est à ce stade de leur développement qu'elles sont le plus adaptées au stockage. En effet, par la suite, l'action du gel ou de l'humidité stagnante aura tendance à altérer leurs facultés de conservation. Aussi, afin de faire coïncider le moment de maturité parfaite avec celui de la récolte pré-hivernale, le semis de ce type de carotte se fait communément dans le courant des mois de juin et juillet, dans l'optique d'une cueillette en octobre ou novembre.
La petite musique des variétés
La distinction entre les différents types de carottes est, comme souvent en botanique, une affaire de variétés. Parmi celles qui sont adaptées à la conservation, citons d'abord les célèbres et polyvalentes « Nantaise » et « Touchon » qui conviennent à toutes les cultures. On peut également évoquer les variétés « Automn King », « Rothild », « Longue lisse de Meaux », « de la Halle » ou « Scarla ». Quant aux carottes « de Chantenay », « Rodelika » ou « de Luc », elles sont à privilégier dans les sols lourds et argileux que déteste d'habitude notre légume-racine. Enfin, les amateurs de couleurs peuvent se tourner vers les variétés « Jaune obtuse du Doubs », « Blanche de kuttingen », la « Gniff » à peau violette et chaire blanche ou la carotte de Colmar à cœur rouge (mais à peau orange).
Particularités estivales
Durant l'été, la chaleur favorise et accélère la levée des graines de carotte qui sont connues pour leur lenteur à germer. Elles lèvent en une dizaine de jours seulement contre près de quinze à vingt au début du printemps. Sur un terrain bien préparé et finement émietté, le recours à la technique du « faux semis » n'est donc pas indispensable. En revanche, elles sont évidemment soumises à une sécheresse importante qu'il convient de tempérer avec des arrosages quotidiens durant les cinq premières semaines. La pose d'un paillage aéré et peu épais (1 cm de tonte sèche ou de paille broyée, pas plus !), ou d'un ombrage artificiel le temps de la levée, aide à maintenir cette humidité bienfaitrice. L'association avec des plantes compagnes éphémères (radis, salades...) ou plus durables (choux, poireaux...) permet, quant à elle, d'assurer un ombrage bienvenu aux jeunes plantules.