Le mois de mai est enfin là, et avec lui, la possibilité de planter les légumes d'été sans risque de gelées tardives et létales, et en premier lieu, la tomate. Mille questions se posent alors quant aux variétés à mettre en terre, leur nombre, leur disposition ou la manière de les tuteurer. La mille et unième est la suivante : et si l'on plantait des tomates greffées ?
Il faut parfois se résoudre à délier sa bourse. À l'opposé des plants de tomates traditionnelles dont le prix avoisine l'euro, les tomates greffées sont hors de prix : entre cinq et huit euros le pot. Hein ? Quoi ? Comment ? Allons, calmez-vous… Il y a deux raisons à ce prix à première vue exorbitant : la main-d'œuvre minutieuse que requière ladite greffe, et les différents rempotages qu'exige sa vigueur exceptionnelle. Car oui, les plants greffés sont généralement vendus dans des pots plus volumineux, eût égard à leur imposant gabarit.
Une greffe pour quoi faire ?
Une tomate greffée est composée d'un pied, appelé le porte-greffe, sur lequel est « soudé » le greffon, c'est-à-dire la tige de la variété de tomate cultivée. Le premier est issu d'une espèce sauvage ou F1 capable de développer un système racinaire dense et conquérant, permettant une distribution de sève accrue et une plus grande capacité à extraire du sol l'eau et les nutriments nécessaires à la fructification. En lui associant une variété aux belles qualités gustatives, on obtient une plante très vigoureuse qu'il faut mener, au bas mot, sur deux ou trois tiges afin d'en canaliser la vigueur. À la clef, des récoltes de vingt-cinq kilos ou plus sur des pieds qui peuvent atteindre deux mètres cinquante de hauteur pour près d'un mètre de diamètre.
Pas mal d'avantages
Puisqu'un seul pied suffit à produire autant que trois à quatre plants traditionnels, la tomate greffée est une option très intéressante pour les petits jardins potagers. En outre, son extrême vigueur autorise à laisser pousser les gourmands qui apparaissent à l'aisselle des feuilles, sans avoir besoin de les tailler. Propulsé par un système racinaire puissant, chacun d'entre eux est capable de produire des fruits tout aussi gros et savoureux que les tiges principales. C'est même là le secret de son abondante productivité.
Comme un fauve en cage
Un pied de tomate vigoureux qui n'est pas entravé par la taille des gourmands forme rapidement un buisson volumineux. Les distances de plantation doivent donc être revues à la hausse, avec des espacements en tous sens d'au moins un mètre cinquante. Pour échapper au casse-tête du tuteurage des multiples tiges secondaires qui apparaissent, il est judicieux d'adopter le système de la cage, c'est-à-dire de placer chaque pied au centre d'un haut cercle formé par un grillage ou un treillage circulaire d'un mètre de diamètre. Les tiges prendront naturellement appui sur ce tuteur délimiteur, sans qu'il ne soit nécessaire d'attacher les tiges à leur support. On y gagne un temps précieux.
À chacun sa place
Au moment de la plantation, ne commettez pas l'erreur d'enterrer une partie de la tige comme on le fait avec les tomates traditionnelles dans le but de favoriser un enracinement plus large. Au contraire, avec les tomates greffées, il est important de laisser le point de greffe, ce petit renflement situé au bas de la tige, bien au-dessus du sol. Faute de quoi, le greffon risque de s'enraciner à son tour et de s'émanciper. Vous perdriez alors tous les avantages liés à la spécificité du porte-greffe.
Quid des variétés ?
Avec les tomates greffées, il ne faut pas être trop regardant sur l'originalité des variétés proposées. On peut néanmoins dénicher tous les types (cerises, cocktails ou classiques) et quelques dizaines de variétés, F1 ou anciennes.