Si le pistachier lentisque ne produit pas de pistaches comestibles, il a en revanche, à l'aune de l'inquiétante évolution du climat, beaucoup d'attraits. Résistant à la plus caniculaire des sécheresses, voilà un arbuste à feuillage persistant qui permet de former des haies dont l'entretien se limite à quelques tailles sporadiques durant les années… bissextiles.
Originaire du pourtour méditerranéen, le pistachier lentisque (Pistacia lentiscus) est un proche parent du pistachier vrai (Pistacia vera), celui qui enchante la queue de lotte, les tranches de salami et bien sûr, les apéritifs. Un cousin dont les Grecs et les Turcs font de sa résine caoutchouteuse un mastic parfumé, dont ils agrémentent leurs liqueurs. On reste donc malgré tout dans une ambiance apéritive.
Un pistachier sans pistaches
Ce n'est certes pas pour ses qualités fructifères qu'on plantera le pistachier lentisque, car ses petites baies ne produisent pas de graines véritablement comestibles, bien qu'il soit possible aux palais revenus de tout, de les manger. Le pistachier lentisque est avant tout un arbuste ornemental que l'on peut utiliser avec bonheur pour former des haies.
Un beau feuillage persistant
Premier atout, le lentisque possède un feuillage persistant, coriace, découpé en petites folioles, qui ne tombe pas durant l'hiver. Changeantes, les jeunes feuilles, vert clair au printemps, s'assombrissent au cours de la saison, avant de se teinter de bronze durant l'hiver. Sa floraison en petites inflorescences vertes est discrète, et ce n'est clairement pas pour elles qu'on le cultive. En revanche, à l'automne, les pieds femelles, dont les fleurs ont été pollinisées par le pollen des pieds mâles, arborent des petites baies rouge vif très ornementales. L'espèce est donc dioïque, ce qui implique de planter quelques pieds mâles parmi les pieds femelles si l'on veut obtenir des fruits.
Un solide gaillard
Deuxième atout, et pas des moindres, le pistachier lentisque supporte tous les outrages. Sécheresse, pollution, chaleur, soleil ou ombre, vent, embruns, concurrence racinaire, sol pauvre, calcaire ou argileux, il se rit de toutes les vexations et ne connaît pas de maladies ou de ravageurs particuliers. Il est donc capable de pousser partout, sans eau, sans engrais et sans traitement, y compris à l'aplomb ombrageux des grands arbres.
Il prend son temps
Troisième atout, mais qui peut aussi être pour certains un inconvénient, le lentisque pousse lentement et plafonne en hauteur aux alentours de trois mètres. D'un côté, donc, il prend son temps pour s'installer et former une haie brise-vue digne de ce nom. De l'autre, arrivé à maturité, ce qui prend au bas mot, quatre à cinq ans, il cesse de s'élever, prend de l'épaisseur et gagne en opacité. Si bien qu'il constitue des haies qui ne nécessitent que très peu de tailles, si ce n'est, de temps en temps, quelques timides coups de cisaille ou de sécateur afin de l'empêcher de prendre trop d'embonpoint.
Rustique sur le tard
La faiblesse du lentisque tient dans sa rusticité qui s'avère toute relative tant que l'arbuste est jeune et mal enraciné. Mais après une paire d'années, lorsqu'il est bien enraciné, il supporte sans broncher des températures de l'ordre de -12 à -15 °C. Voilà qui augure des plantations bien au-delà du pourtour méditerranéen et des zones littorales, à condition, au moment de la plantation, de prendre quelques précautions : mise en terre au printemps, paillage généreux de la souche, et pourquoi pas, pose d'un voile d'hivernage lorsqu'il est exposé aux vents dominants.
Et tout seul ?
En sujet isolé, le pistachier lentisque est un très bel arbuste d'ornement. Son port buissonnant et touffu peut être assagi en éliminant les branches basses afin de mettre en valeur son joli tronc rugueux et parfois tortueux.