Le coquelicot étant un digne représentant des plantes annuelles rustiques, on peut le semer dès la fin de l'été afin de profiter de floraisons précoces en sortie d'hiver. Avec quelques semis de printemps complémentaires, on obtient ainsi des floraisons de très longue durée pour une plante dont les fleurs sont d'ordinaire plutôt éphémères.
Cocorico ! Saviez-vous que le nom vernaculaire du coquelicot serait inspiré du chant du coq, les pétales rouges de l'un évoquant la crête écarlate de l'autre. Ceci nous amène à poser deux questions essentielles : que buvaient nos ancêtres au petit-déjeuner pour avoir, dès l'aube, de telles visions hallucinatoires ? Si le coquelicot avait des fleurs vert canard, l'appellerait-on coin-coin ? Le débat, passionnant, est lancé.
La trêve hivernale
Comme toutes les fleurs annuelles rustiques, le coquelicot est capable de germer à l'automne et de fleurir au printemps. Pour ce faire, il se met au repos végétatif après quelques semaines de croissance de manière à passer l'hiver sous la forme d'une petite rosette juvénile rustique. Lorsque le redoux du printemps vient remettre en branle son métabolisme, il reprend sa croissance à un stade de développement déjà bien avancé.
Un temps d'avance
À la fin de l'hiver, le système racinaire de ce coquelicot précoce est en place et une dizaine de petites feuilles font d'ores et déjà fonctionner le mécanisme photosynthétique. Bref, il repart en fanfare. Comparé aux graines qui seront semées à partir du mois de mars, il compte une avance considérable et sera capable de fleurir un à deux mois plus tôt. Le semis d'automne permet donc d'obtenir des floraisons très précoces, en sortie d'hiver.
Étaler les floraisons
C'est la raison pour laquelle le semis d'automne ne dispense en rien de pratiquer en parallèle le semis de printemps. Au contraire, cela permet d'obtenir deux générations distinctes de coquelicots dont le développement, décalé, va permettre d'allonger la période de floraison : avril pour la première, mai pour la seconde, et pourquoi pas juin si vous effectuez en sus un semis tardif au mois d'avril. Trois semis pour trois floraisons qui vont se chevaucher, se relayer et se confondre pendant plusieurs mois.
Oh le recopieur !
À dire vrai, le jardinier qui sème ses coquelicots en septembre n'a pas à faire le fier. Il ne fait que reproduire le cycle naturel de la plante. En effet, à l'état sauvage, les graines des coquelicots tombent au sol après que les fleurs de printemps ont fané et que leurs capsules déhiscentes ont parsemé le sol de leurs minuscules et pléthoriques semences. Celles-ci passent l'été au repos végétatif, dans l'attente des conditions de germination favorables que le redoux et les premières pluies de l'automne vont pouvoir leur offrir. C'est alors qu'elles vont entamer le processus botanique décrit dans les passionnants paragraphes précédents.
Un brin plus efficace
Toutefois, il est possible d'améliorer la propension naturelle du coquelicot à germer à l'automne et d'accélérer la levée des graines dès le mois de septembre. Pour cela, supprimez rapidement la dormance des graines en les plaçant quelques jours au réfrigérateur. D'autre part, avec un arrosage régulier et attentionné, vous allez pouvoir maintenir les semis dans des conditions idéales de germination et de croissance.