Dans le milieu restreint de la parfumerie, on sait évidemment faire la différence entre la lavande vraie, la lavande aspic et l'espèce qui les relie, le lavandin. Dans le vaste monde du jardinage amateur c'est beaucoup moins évident. Pourtant ces trois plantes de la famille des labiacées n'ont pas tout à fait les mêmes caractéristiques.
N'essayez pas de refourguer à un nez de parfumeur dix litres d'huile essentielle de lavandin en la faisant passer pour de l'huile de lavande vraie. Votre tentative d'escroquerie, car c'en serait une, pourrait être fort mal perçue. En effet, ces espèces cousines, qui ont l'air si proches en apparence, n'ont pas du tout les mêmes qualités olfactives et productives. C'est la même chose dans le jardin où elles ne se comportent pas exactement de la même manière. Alors lavandin, lavande vraie et lavande aspic, il est temps de mettre le nez là où ça sent bon.
Deux voisines et leur descendance
La lavande vraie, fine ou officinale (Lavandula angustifolia) et la lavande aspic (Lavandula latifolia) sont deux espèces de lavandes qui poussent à l'état sauvage sur le pourtour méditerranéen. À l'état naturel, la première colonise plutôt le haut des collines et la basse montagne de l'arrière-pays, entre 500 m et 1 500 m d'altitude quand la seconde ne pousse que dans les plaines et les coteaux, s'installant rarement au-dessus des 700 m. Dans la zone commune aux deux espèces, des croisements naturels se sont produits grâce à la pollinisation effectuée par les insectes, engendrant un hybride naturel mais stérile, le lavandin (Lavandula x intermedia).
Une affaire de parfum et de productivité
La lavande et le lavandin ont un aspect à première vue semblable qui engendre des confusions. Cependant la première se distingue par un port plus compact (soixante centimètres en fleurs), une floraison précoce (mi-juin à mi-juillet) et unique par hampe florale. Elle possède le parfum le plus subtil, ce qui la destine aux utilisations par les parfumeurs. Le lavandin présente, lui, un port plus volumineux (jusqu'à 1,20 m de hauteur pour les gros cultivars), et porte, généralement en juillet et août, plusieurs inflorescences par hampe, ce qui le rend évidemment plus productif. Si son parfum est moins fin, il n'en reste pas moins très agréable. Avec une production de fleurs deux à trois fois supérieure et un rendement d'huile essentielle accru par kilo de récolte, il est devenu la plante de référence pour les volumineux besoins de la cosmétique ou de l'artisanat à base de lavande.
Le lien méconnu
Moins connue que les deux précédentes, la lavande aspic intéressera le jardinier pour sa floraison certes moins massive et impressionnante, mais beaucoup plus durable, qui s'étale de la fin juin jusqu'à la fin août. Si elle est la plus petite des trois (à peine soixante centimètres en tous sens) elle est olfactivement plus « virile », avec de fortes senteurs camphrées qui restent cependant très agréables. Elle est particulièrement résistante à la sécheresse, au point d'y paraître insensible, ce qui n'est pas sans intérêt au jardin.
Nature et culture
Ces trois plantes cousines ont des besoins similaires, se plaisant dans les sols pauvres, secs et caillouteux. Ce qui veut dire qu'à la plantation il faut éviter les gros ajouts de terreau à la terre du jardin et privilégier au contraire le sable ou le gravier. Un drainage efficace en hiver leur permet de supporter des froids de -12 à -15 °C sans problème tandis qu'un sol gorgé d'eau pourra les faire mourir à des températures bien moins froides. De même en été, les apports d'eau quotidiens sont à proscrire, au risque de provoquer l'apparition de maladies cryptogamiques racinaires. Malgré tout, dans un sol adapté, un arrosage hebdomadaire favorisera la croissance et la floraison en été.
Bleu et blanc
Lavande vraie et lavandin se déclinent tous deux sous de nombreuses variétés, notamment à fleurs blanches : Lavandula angustifolia « Alba » et Lavandula intermedia « Alba ».