Attention toutes et tous ! La Sainte-Catherine arrive, et avec elle, la star des dictons jardiniers. Méfiez-vous cependant de cette glorieuse maxime ancestrale, mi-tronquée, mi-dévoyée, qui fait prendre racine à tout bois, car les choses ne sont pas aussi simples. Elle pourrait même vous faire prendre des vessies pour des lanternes.
Oui c'est vrai, le 25 novembre, jour de la Sainte-Catherine, c'est a priori un bon jour pour faire des plantations. Encore que… Ce n'est pas un jour à planter n'importe quoi. Ni à planter n'importe comment, n'importe où et à n'importe quel prix. D'autant que la période reste favorable pendant encore de longues semaines, y compris s'il est important de garder la rime. Ainsi dès le lendemain, à la Sainte Delphine, tout bois prend encore racine. Et c'est la même chose, deux mois plus tard, à la Sainte-Martine, Jacqueline ou Apolline. Il paraît même que de jeunes jardiniers, des poètes sans doute, disent que dès la Saint-Gustave, le 7 octobre, « tout bois prend racine, wesh grave ».
Confusion des genres
« À la Sainte-Catherine, tout bois prend racine » est le dicton le plus fameux des jardiniers. Mais c'est aussi le plus mal interprété. À l'origine, la maxime complète était : « À la Sainte-Catherine, tout bois meurt ou prend racine ». Il s'appliquait spécifiquement aux boutures à bois sec, qui permettent de multiplier les végétaux ligneux en faisant apparaître des racines sur des tronçons de tiges plantés directement dans du terreau. Le dicton semblerait vouloir dire qu'à la date du 25 novembre, on peut savoir si une bouture commencée au début de l'automne a réussi, c'est-à-dire pris racine, ou pas.
Une date mythique
Avec le temps, le dicton s'est raccourci et son sens s'est transformé. Il semble désormais dire qu'à cette date, les plantations réussissent à tous les coups, ce qui n'est pas faux. Mais plus qu'une date fatidique, la Sainte-Catherine renvoie à un moment favorable à la mise en terre, correspondant au repos végétatif des plantes à feuillage caduc. Il s'agit en réalité d'une vaste période qui s'étend de la chute des feuilles jusqu'au débourrement des bourgeons au printemps, autant dire près de quatre mois !
Trop précise pour être honnête
Typiquement, la Sainte-Catherine est la date de référence prise en compte pour planter les arbres fruitiers à racines nues et les arbres ou les arbustes d'ornement caducs. Cependant, si ce fameux 25 novembre il gèle à pierre fendre ou il pleut des hallebardes, mieux vaut remettre la plantation à plus tard. Plus prosaïquement, si les conditions pour travailler convenablement ne sont pas réunies, il serait un peu bête de s'obstiner à vouloir appliquer le dicton à la lettre. Attendez plutôt une belle journée ensoleillée après vous être assuré que le sol sera bien ressuyé.
Pas vraiment tous les bois
Le dicton est trompeur car certaines espèces végétales supportent mal d'être plantées aussi tardivement dans la saison. Les moins rustiques comme les palmiers, les bananiers ou les plantes méditerranéennes ont besoin d'être correctement enracinées pour supporter le froid du premier hiver. Il est donc préférable de les mettre en terre au milieu du printemps, après les dernières grosses gelées. Ainsi seront-elles, après sept à huit mois d'enracinement, plus résistantes au gel. Même chose pour les jeunes vivaces frileuses, surtout dans les régions où les hivers sont rigoureux. Quant aux arbustes à feuillage persistant, ils gagnent à être plantés en fin d'été, lorsque le sol, encore chaud, leur permet de développer rapidement quelques racines supplémentaires avant l'hiver.
Et les transplants ?
Par extension, la période du repos végétatif, dont fait partie la Sainte-Catherine, constitue également la meilleure période pour transplanter et déplacer les arbres et arbustes caducs.