Au gré de leurs successions, étés caniculaires et sécheresses estivales rebattent les cartes du jardinage tel qu'on l'a pratiqué jusqu'ici. Les jardins de demain vont devoir s'adapter à la chaleur et au manque d'eau, tout en résistant à des températures hivernales très basses. Mais quelles sont les plantes capables d'un tel grand écart ?
Si tout va de ce train brûlant, il va bientôt devenir urgent de dresser une liste des plantes adaptées à la sécheresse et à la chaleur. Mais de manière à intéresser tous les jardiniers, cette soporifique litanie devra mettre en avant des végétaux également capables de supporter les hivers froids et humides d'Alsace ou de Lorraine, de Bourgogne ou de Sologne. C'est l'avènement des plantes du grand écart, dont voici en avant-première un petit aperçu prophétique.
La théorie du grand remplacement
Il devient malheureusement évident que le jardinier de demain devra réduire ses arrosages afin de limiter la consommation d'une eau devenue rare et chère, tout en faisant paradoxalement face à des chaleurs et des sécheresses accrues. En plus d'adopter des techniques et des gestes qui lui permettront de relever ce challenge ambitieux (paillage épais, arrosage profond) il devra privilégier la plantation de végétaux adaptés à ces nouvelles conditions de culture. Mais puisque dans de nombreuses régions françaises les hivers restent encore froids, il faudra aussi que ces plantes puissent résister à des températures inférieures à -15 °C afin de satisfaire tous les jardiniers.
Les plantes chameaux
Une fois qu'ils se sont correctement implantés, ces végétaux supportent des étés entiers sans pluie et sans arrosage. La plupart fleurissent au printemps ou à l'automne, et se mettent en repos partiel ou complet durant l'été. C'est donc souvent les feuillages, coriaces ou duveteux, gris-bleus ou argentés, qui servent de trame décorative, bien que certains courageux osent épanouir leurs fleurs sous le soleil ardent. Tous, ou presque, ont en commun d'exiger des sols drainants, surtout durant l'hiver, car la présence d'humidité stagnante au niveau des racines réduit énormément leur rusticité. Une plantation dans un large trou, rempli à parts égales de terre de jardin décompactée et de sable grossier est donc de rigueur.
Les arbres
Parmi les arbres d'ornement, on trouve les arbres à perruques (Cotinus coggygria), l'arbre de Judée (Cercis siliquastrum), le chêne vert (Quercus ilex), l'érable champêtre (Acer campestre) ou de Montpellier (A. monspessulanum), le micocoulier (Celtis australis), le pistachier térébinthe (Pistacia terebinthus) et les tamaris (Tamarix gallica, T. ramosissima, ou T. tetrenda). Pour les arbres fruitiers, il s'agit du jujubier (Zyziphus jujuba), grenadier (Punica granatum), de l'amandier (Prunus amygdalus) et du cerisier de Sainte Lucie (Prunus mahaleb). Chez les arbustes, on retrouve le genévrier de Phénicie, (Juniperus phoenicea), la ballote (Balotta pseudodictamnus), l'artémise tridentata, les cistes à fleurs de laurier (Cistus laurifolius), les euphorbes (Euphorbia myrsinites, E. nicaensis, ou E. rigida), le romarin officinal (Rosmarinus officinalis) et la lavande vraie (Lavandula angustifolia).
Les autres plantes chameaux
Dans la famille des vivaces, on misera sur l globulaire (Globularia vulgaris), le fenouil commun (Foeniculum vulgare), l'œnothère macrocarpa et la sauge tomenteuse (Salvia tomentosa). Chez les plantes couvre-sol, on pourra compter sur la germandrée dorée (Teucrium aureum), le sédum sediforme, la renouée maritime (Polygonum maritimum), l'Helichrysum microphyllum « Lefka Ori », l'origan de Syrie (Origanum syriacus) ou encore les thyms. Enfin, parmi les graminées, on préférera le brachypode de Phénicie (Brachypodium phoenicoides), le raisin de mer (Ephedra distachya), et le sparte (Lygeum spartum).
Plus haut, plus fort !
Dans les régions aux hivers très humides, la plantation sur une légère butte qui va drainer les eaux de pluie hivernales est recommandée.