Près de deux personnes meurent chaque jour en France dans un accident du travail. Pour lutter contre ce fléau, le gouvernement a lancé une campagne de prévention cet automne.
La France fait figure de mauvais élève en matière d'accidents du travail. Comme l'a reconnu le gouvernement, le taux de sinistralité était de 4,81 pour 100 000 employés en 2019 dans l'Hexagone, là où la moyenne européenne n'est que de 2,17. D'après les bilans de l'Assurance maladie, chaque jour plus de 100 salariés sont en effet gravement blessés et 2 décèdent dans le cadre de leur métier.
De plus en plus de victimes féminines
Les chiffres officiels sont assez variables puisque les enquêtes ne prennent pas en compte l'ensemble des travailleurs. Ainsi, le rapport de l'Assurance maladie, portant sur le régime général, fait état de 604 565 accidents du travail en 2021, dont 645 mortels. Soit une baisse de 8 % de sinistres par rapport à 2019 (655 715 accidents et 733 décès). De son côté, l'état des lieux de la Dares, l'institut statistique du ministère du Travail, est un peu plus lourd puisqu'il englobe les salariés du privé, du monde agricole, ainsi que les employés de la fonction publique territoriale. Cette étude parue en novembre 2022 et portant sur les données de 2019 dénombre 783 600 accidents du travail entraînant au moins un jour d'arrêt et 780 décès cette année-là. Mais c'est sans compter la fonction publique d'État, les indépendants ou encore les travailleurs non déclarés…
À plus long terme, l'analyse de l'évolution de la sinistralité par l'Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail (Anact) démontre que si le nombre d'accidents était globalement en baisse de 11,1 % entre 2001 et 2019, la courbe est à nouveau sur une pente ascendante depuis 2013. En cause : l'augmentation continue des accidents de travail des femmes (+41,6 % en 18 ans). Si le BTP demeure le secteur le plus accidentogène pour les hommes, malgré une baisse de 30 % sur la période, ce sont les activités de service (santé, action sociale, nettoyage, travail temporaire) qui enregistrent le plus de sinistres pour les travailleuses.
Des efforts à faire
Face à ces chiffres éloquents, le gouvernement a lancé une campagne de prévention baptisée « Sécurité au travail : responsabilité de l'entreprise, vigilance de tous » afin d'interpeller employeurs et salariés. À travers un court clip, des vidéos de témoignages, un spot radio, des affiches et autres contenus pour les réseaux sociaux, l'État entend sensibiliser sur l'existence des mesures visant à protéger les employés, le rôle et la responsabilité de l'entreprise mais aussi comment reconnaître une situation dangereuse.
Rappelons en effet que l'employeur a le devoir légal de veiller à la santé et à la sécurité de son personnel. Pour cela, il doit empêcher ses équipes de prendre des risques et évaluer ceux qui ne peuvent pas être évités en mettant en place des mesures de prévention et de formation. Risques de chute de hauteur, liés à l'utilisation de machines, à des produits chimiques ou encore risques psychosociaux liés à la surcharge de travail, aux agressions et violences doivent notamment faire l'objet de plans d'actions de prévention des risques professionnels.
Le bon interlocuteur
Vous estimez que votre employeur n'a pas mis en place des mesures de prévention et de protection suffisantes dans votre entreprise et il refuse tout dialogue ? Sachez que les Directions départementales en charge de l'emploi, du travail et des solidarités (DDETS) sont votre interlocuteur unique pour tout besoin d'information ou de conseil sur la réglementation en vigueur mais aussi en cas de non-respect des règles de durée de travail, de santé et de sécurité du personnel. Il s'agit ni plus ni moins des services de l'inspection du travail. N'importe quel salarié peut contacter directement la DDETS de son département sans en informer son patron.
Si les coordonnées du service compétent doivent être affichées au sein de l'entreprise, vous pouvez également les trouver sur le portail officiel Dreets.gouv.fr.