Si lorsqu'on quitte une entreprise, c'est en principe définitif. Mais de plus en plus de salariés réintègrent pourtant leur ancienne société quelques années plus tard, forts d'une expérience enrichie et d'une connaissance des outils internes.
Après la « génération boomerang », c'est au tour des « salariés boomerang » de faire machine arrière ! Tandis que certains adultes sont contraints de retourner vivre chez leurs parents après une période d'autonomie, de plus en plus d'employés seraient en effet tentés de réintégrer leur ancienne entreprise après l'avoir pourtant quittée pour d'autres horizons…
De nouveaux horizons pas si prometteurs
Le réseau social LinkedIn a pointé cet étonnant retour en grâce à travers son baromètre de l'emploi publié début 2023 à partir de l'analyse des données de ses 26 millions de membres en France. Ainsi, « en 2022, 2,38 % des salariés qui ont changé d'employeur sont en fait revenus dans une entreprise ou une organisation pour laquelle ils avaient déjà travaillé ». Bien qu'on parle d'une petite minorité, la tendance est en nette hausse puisque, d'après cette étude, « la part de ces ré-embauches ne fait qu'augmenter depuis 2019, avec une hausse de 36 % en seulement trois ans ».
L'effet de la pandémie expliquerait en partie ce phénomène. Plusieurs enquêtes ont ainsi démontré une hausse des démissions à la suite des confinements. Or, d'après une étude de la plateforme de gestion RH UKG publié en 2022, 43 % des démissionnaires regrettaient leur choix… Les salariés quittent ainsi souvent leur entreprise pour une offre plus attractive promettant d'augmenter leur salaire, de diversifier leurs missions ou encore de gagner en responsabilité… avant de déchanter ou de se raviser.
Après une ou plusieurs autres expériences, ces travailleurs font alors machine arrière pour frapper à la porte de leur ancien employeur. Parmi les raisons invoquées dans un sondage réalisé par le cabinet de recrutement Keltis fin 2023, 53 % des salariés boomerang mettent en avant leur attachement à la culture d'entreprise, 26 % une rémunération compétitive et 21 % des opportunités de carrière.
Revenir à quelles conditions ?
S'il paraissait auparavant impensable pour une entreprise de reprendre un ancien employé, la donne est en train de changer. Alors que bon nombre de secteurs en tension peinent à recruter, ces candidats sont en effet une aubaine puisqu'ils connaissent le fonctionnement interne de la société et ont déjà prouvé leurs compétences. De plus, ils reviennent souvent plus motivés et forts de connaissances enrichies, ce qui leur permet de réintégrer l'entreprise tout en profitant d'une évolution de poste. Un retour gagnant-gagnant en somme !
Mais pour ce faire, encore faut-il être parti en bons termes… Ainsi, d'après l'étude Cadromètre menée par Randstad Search et Ipsos en février 2024, sur les 83 % des cadres qui ont déclaré avoir apprécié leur offboarding (comprenez la gestion de leur départ), 63 % émettent la possibilité de réintégrer un jour l'entreprise. Il s'agit donc de pouvoir se quitter sans rancœur, en exprimant ses motivations et désaccords en toute transparence et en bénéficiant du respect et de l'accompagnement auquel l'on peut légitimement s'attendre. Dès lors, employé comme employeur doivent soigner cette séparation qui pourrait ne pas être si définitive que ça.
Quant au retour, il suppose là aussi de jouer cartes sur table et de s'adapter pour favoriser cette réintégration. Le candidat doit pouvoir exprimer librement ses craintes et attentes, tandis que l'entreprise mettra l'accent sur son évolution positive depuis son départ. Il s'agit en effet de s'assurer que les points de blocage passés ne soient plus une entrave à l'épanouissement du salarié boomerang.