Emploi

Le congé paternité n'est pas un réflexe pour tous

Alors que la loi permet aux jeunes papas de profiter d'un congé spécifique pour s'occuper de leur nouveau-né, 30 % des Français n'y recourent pas d'après une récente étude du Céreq. Explications.

Alors que le congé maternité a été créé dès 1909, les pères ont dû attendre 2002 pour pouvoir prétendre à ce repos indemnisé, en se contentant alors de 11 jours légaux, passés à 25 jours fractionnables (dont 4 jours obligatoires) depuis le 1er juillet 2021. Mais les papas profitent-ils réellement de cette opportunité ? Pas de façon systématique d'après une récente enquête publiée par le Centre d'études et de recherches sur les qualifications.

Les travailleurs précaires moins demandeurs

Le Céreq, un établissement public sous tutelle du ministère de l'Emploi, a passé en revue les cas de recours au congé paternité chez les hommes devenus pères entre 2010 et 2017 ; et son premier constat est celui de la continuité. En effet, depuis vingt ans, le recours à ce droit demeure « étonnamment stable » selon les auteurs du rapport, et ce, malgré l'évolution de la société et « un contexte où la spécialisation des rôles au sein des jeunes couples s'atténue ». Or, si une grande majorité des Français profitent bel et bien de cette occasion, 30 % des jeunes papas ne l'utilisent toujours pas.
Dans le détail, des différences apparaissent notamment en termes de positionnement sur le marché du travail. Au jeu de la comparaison, 87 % des salariés en CDI prennent ainsi au moins partiellement les jours de repos qui leur sont dus, contre 65 % des CDD et 33 % des indépendants. De même, « les pères ayant moins d'un an d'ancienneté dans l'entreprise ont 3 fois moins de chances de recourir au congé de paternité que ceux étant présents depuis 2 ans ou plus », tandis que seul 1 chômeur indemnisé sur 4 fait valoir ce droit, bien que la législation permette de reporter la fin de l'indemnisation. A minima, des différences s'observent également en fonction de la taille de l'entreprise puisque 88 % des employés de grandes sociétés (plus de 200 personnes) utilisent ce congé, là où le taux tombe à 79 % pour celles de moins de 50 personnes.
Plus encore, c'est surtout le facteur revenus qui engendre les écarts les plus importants. Alors que 98 % des actifs gagnant entre 2 500 € et 2 900 € mensuels font valoir ce droit, seuls 67 % des 20 % des pères les plus modestes et 73 % des mieux rémunérés en profitent.

Des freins professionnels

De multiples facteurs peuvent expliquer ces différences dans le taux de recours au congé paternité. Les pères au chômage, en CDD ou en intérim peuvent se sentir illégitimes à prendre ces jours de repos ou bien avoir des difficultés à anticiper leurs périodes d'emploi et de non-emploi. Il peut aussi être plus simple pour eux d'attendre la fin de leur contrat pour profiter librement de ce temps avec la maman et le bébé.
Ne négligeons pas non plus la peur des conséquences négatives sur la carrière. Ainsi, seuls 59 % des employés prennent ces jours off lorsqu'ils travaillent depuis moins d'un an dans leur entreprise, et ce, alors qu'aucune condition d'ancienneté n'est imposée par la loi. De même, selon les auteurs de l'étude « les pères en situation de précarité financière ne se trouvent pas dans une position favorable pour négocier le recours au congé auprès de leur employeur, ou pourraient davantage redouter l'impact du dispositif sur leur carrière ». Quant aux salariés des PME, ils peuvent redouter les difficultés à être remplacés ou à pouvoir répartir leur charge de travail entre leurs collègues.
À l'inverse, les actifs les mieux rémunérés peuvent craindre la perte de revenus entraînée par ce congé puisque les indemnités journalières sont plafonnées (84,90 € en 2017, contre 89,03 € en 2022).

Le saviez-vous ?

Le mode d'indemnisation des congés maternité et paternité se base sur le salaire journalier de base (3 derniers salaires bruts), sous réserve d'un plafond mensuel de la Sécurité sociale (3 428 € par mois en 2022), auquel est retiré un taux forfaitaire de 21 %.
En pratique, un salarié à temps plein gagnant 1 940 € nets par mois (le salaire médian en France), touchera une indemnité journalière de 60,34 € versée par l'Assurance maladie (sachant que chaque jour compte, dimanche compris), soit près de 663 € nets pour 11 jours de congé paternité (l'ancienne durée légale) et un peu plus de 1 506 € pour les 25 jours légaux en vigueur. Mais si on rapporte le montant à un mois complet, cela reviendrait à un peu plus de 1 808 €, soit une perte de 132 € nets par rapport au salaire déclaré. Or, seules quelques rares conventions collectives prévoient un complément de rémunération au-delà du plafonnement de l'indemnité, comme la Syntec par exemple (banque, assurance, informatique…).
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J.P.
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