Fleuron de la gastronomie française, fierté nationale et savoir-faire envié à l'international, la viticulture est une pratique très encadrée par la loi. Mais que ce soit au niveau de la production ou de la distribution, certains procédés visent à tromper le consommateur. Chaque année, des milliers de contrôles sont donc effectués pour dépister les tricheurs.
Au pays du chablis et du médoc, on ne plaisante pas ! Avec plus de trois milliards de bouteilles écoulées chaque année, la France est le deuxième pays consommateur de vin, derrière les États-Unis (eh oui…). Si la filière viticole est très strictement encadrée, certains producteurs peu scrupuleux n'hésitent pas à tricher un peu ou beaucoup, et donc à tromper l'acheteur sur la qualité de ce qu'il boit. La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a alors pour mission de veiller au grain et de débusquer les fraudeurs. Une vraie brigade du vin !
Une filière très encadrée
La législation française et européenne (notamment la loi du 1er août 1905 sur la fraude et la falsification) encadre aussi bien la production que la distribution et la commercialisation des vins et spiritueux. Elle permet de protéger les appellations d'origine, la qualité des produits, mais aussi d'interdire certaines pratiques comme la coloration du vin ou l'aromatisation des eaux-de-vie.
C'est la DGCCRF qui est chargée de procéder aux contrôles au sein de la filière : chaque année, ses neuf brigades et ses cinquante agents spécialisés dans les enquêtes vins et spiritueux en effectuent près de 20 000 sur tout le territoire, que ce soit auprès des vignerons, des négociants, des fabricants ou des distilleries. L'objectif de ces « inspecteurs du bouchon » est de chasser les pratiques illicites qui pourraient mettre à mal la confiance des consommateurs dans les produits qu'ils achètent.
Missions et techniques de contrôle
L'action de la DGCCRF s'étend à plusieurs niveaux, à commencer par les contrôles au stade de la production, pour vérifier les stocks, les récoltes et l'embouteillage des vins. Certains négociants sont également surveillés de près, notamment lorsque lorsqu'il y a eu des analyses suspicieuses ou des plaintes de la part de particuliers ou de professionnels.
Les techniques utilisées par la direction de la concurrence et de la répression des fraudes sont diverses. Les bilans comptables sont généralement passés au peigne fin et des échantillons de produits sont prélevés pour être examinés en laboratoire. La résonance magnétique nucléaire s'avère ici précieuse pour déceler l'ajout de sucre dans les cuvées (chaptalisation), tout comme la spectrométrie de masse pour repérer les vins coupés, c'est-à-dire ceux auxquels on a ajouté de l'eau. D'autres techniques, comme la spectroscopie infrarouge, permettent également d'identifier les différents cépages qui entrent dans la composition des crus.
Affaires récentes
Hélas, malgré toute la bonne volonté et le travail des enquêteurs de la DGCCRF, les fraudes sont courantes et beaucoup sont portées devant les tribunaux. En avril 2018, le TGI de Bordeaux a par exemple condamné la société de négoce Grands vins de Gironde qui avait réalisé des mélanges interdits et sans traçabilité sur plus de 6 000 hectolitres. Certaines appellations étaient aussi frauduleusement rebaptisées Pomerol, Margaux ou Saint-Julien.
Dans une autre affaire datant de juin 2019, les entreprises SCEA Vignobles Grandeau et Maison Grandeau Lauduc ont été condamnées pour tromperie et falsification après avoir utilisé de manière illégale les mentions « clos » et « château », et pratiqué la technique de la « vigne éponge », c'est-à-dire produire du vin en excédent par rapport aux rendements fixés par le règlement de la profession.
Mais certains profitent également des phénomènes de mode pour proposer aux consommateurs des produits non conformes à la législation. C'est le cas, par exemple, du vin bleu, vendu parfois sur le territoire français comme un vin totalement naturel alors que sa couleur a été obtenue grâce à des colorants.
Sanctions encourues
Les sanctions encourues sont lourdes pour les fraudeurs : jusqu'à 37 500 € d'amende et deux ans d'emprisonnement.