Lancé il y a deux ans, le Nutri-score n'a pas vraiment fait l'effet d'une bombe auprès des consommateurs et des industriels. Mais les initiatives se multiplient afin de proposer des produits alimentaires plus sains.
Les applications mobiles comme Yuka, qui permet de scanner les produits que l'on trouve en supermarché pour connaître leur valeur nutritionnelle, ont sans aucun doute réveillé les consommateurs qui font plus attention à ce qu'ils mettent dans leur Caddie. Conscient de cet engouement et de la nécessité sanitaire de miser sur des aliments toujours plus sains, le gouvernement a, en 2017, lancé le Nutri-score, un système d'étiquetage nutritionnel apposé sur les produits, qui renseigne tout un chacun sur ce qu'il s'apprête à manger. Deux ans après son entrée dans les rayons de nos magasins, l'heure est au bilan. Si le Nutri-score fait son petit effet auprès des industriels et des distributeurs, de nombreux efforts restent encore à faire.
Un dispositif en place depuis 2017
Élaboré par le nutritionniste Serge Hercberg, le Nutri-score est un logo qui évalue la qualité nutritionnelle de chaque produit, en fonction d'un code couleur alphabétique. Ainsi, le « A » en vert foncé récompense les aliments sains, tandis que le « E », la dernière lettre en rouge, sanctionne les denrées les plus mauvaises sur le plan nutritionnel. Le calcul consiste à faire la différence entre les composants négatifs (sucres, sel, acides gras saturés…) et positifs (vitamines, fibres, protéines…).
En octobre 2017, le ministère de la Santé avait donc lancé le Nutri-score en grande pompe, en laissant le choix aux fabricants et distributeurs d'y avoir ou non recours sur l'étiquetage de leurs produits. Les aliments concernés devaient ensuite faire l'objet d'un contrôle minutieux de la part d'entreprises indépendantes. Quel bilan peut-on tirer de cette initiative ? Nielsen, un groupe spécialisé dans le marketing, a effectué une étude afin de dresser un premier inventaire.
Une prise de conscience de la part des industriels
Après avoir analysé 92 000 marchandises porteuses des logos Nutri-score, le cabinet d'études a révélé que les chiffres d'affaires des produits estampillés « A » et « B », c'est-à-dire les mieux notés, avaient progressé respectivement de 1,1 % et de 0,8 %, tandis que la vente des aliments « C » et « D » était en baisse. Enfin, perte de vitesse du pouvoir d'achat oblige, les produits « E » sont encore beaucoup sollicités par les consommateurs et leurs ventes ne décroissent pas.
Autre fait notable : si les denrées alimentaires bien notées gagnent du terrain, seuls 14 % des clients avouent prêter attention au Nutri-score lors de leurs achats en magasin. Ce très faible pourcentage ne démotive pas pour autant les industriels qui sont de plus en plus nombreux à étiqueter leurs produits. Véritable prise de conscience ou coup de bluff marketing, il n'empêche que, selon l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), 5 451 références affichaient le Nutri-score en 2019, contre à peine 2 146 en 2018. Ces chiffres devraient gonfler davantage l'année prochaine, puisque Nestlé a récemment annoncé qu'il allait adopter cette notation nutritionnelle sur tous les aliments vendus par le groupe en Europe.
À l'heure actuelle, la plupart des enseignes de grande distribution jouent le jeu sur les produits de leurs marques. Parmi elles, il faut compter Auchan, bientôt Super U, mais aussi Carrefour pour 70 % de sa gamme ou encore E. Leclerc pour 60 % des produits disponibles sur le drive. Certaines même, comme Intermarché, ont modifié les recettes de leurs aliments pour atteindre un score plus acceptable.
Vers un étiquetage obligatoire ?
S'ils sont peu nombreux à prêter attention au Nutri-score, les Français sont pourtant une grande majorité (87 %) à souhaiter que cet étiquetage nutritionnel soit obligatoire sur tous les produits. Une association de consommateurs a d'ailleurs, en mai dernier, lancé une pétition auprès de la Commission européenne afin qu'il ne soit plus facultatif.
Même son de cloche pour l'association UFC Que Choisir, qui révèle que seuls 5 % des produits sont actuellement étiquetés, et qui plaide également en faveur d'un Nutri-score obligatoire. Affaire à suivre donc.