Cuisine et vins

Du jardin à la cave, je fais mon vin maison

À condition de disposer d'un vaste terrain adapté, la culture de la vigne est tout à fait possible à titre personnel. En respectant les règles de plantation, de vinification et de récolte, vous pourrez produire votre propre vin.

Tout comme les kits de brassage de bière sont à la mode, le vin home made fait son petit bonhomme de chemin dans les mentalités. Cette tendance fait suite à la renaissance de la vigne dans des régions à la base non viticoles. Il est aujourd'hui possible de produire son propre vin, estampillé VSIG, c'est-à-dire sans indication géographique. Beaucoup de particuliers et d'associations se lancent donc dans l'aventure pour produire des crus destinés à leur consommation personnelle (la commercialisation étant interdite). Mais cette culture n'est pas une sinécure ! Les étapes de fabrication sont nombreuses et la patience est de mise.

Types de sols et surface

Contrairement aux idées reçues, il est tout à fait possible de cultiver de la vigne et de faire du bon vin dans toutes les zones géographiques. Il faut seulement choisir le sol et la surface adéquats. En temps normal, une vigne peut croître et se développer dans une grande variété de sols : argileux, marne, schiste, calcaire, granitique, volcanique ou même sableux. La seule contrainte qui s'impose à vous est d'éviter les sols humides et de disposer d'un terrain bien drainé.
Quant à la surface, depuis le 1er janvier 2016, la loi autorise les particuliers et les associations à cultiver dix ares de vignoble pour leur consommation privée, c'est-à-dire 1 000 m2.

Quels cépages choisir ?

Il existe des milliers de cépages dans le monde, pas facile donc de choisir ceux qui seront adaptés à vos cultures ! Puisqu'il s'agit d'une production sans visée commerciale, l'idéal est d'opter pour ceux qui nécessitent peu de traitements et qui résistent au mildiou et à l'oïdium.
C'est le cas des cépages dits hybrides, comme les PIWI, les hybrides de première et seconde générations tels que le maréchal Foch (noir), le pinotin (noir), le muscaris (blanc) ou le sirius (blanc) ; mais aussi des cépages aux spécificités ornementales tels que l'amandin (noir), le candin (blanc) ou le perdin (blanc).
Les vignes peuvent être plantées à tout moment, entre septembre et mai, mais il faut éviter les périodes de fortes gelées. Il faudra, évidemment, les entretenir tout au long de l'année (taille, effeuillage, ébourgeonnage, rognage...), les traiter contre les maladies avec des méthodes naturelles (bouillie bordelaise, décoctions...) et faire attention aux ravageurs tels que les lapins, les cervidés, les rapaces, les guêpes et les frelons qui peuvent abîmer les plants puis les raisins.

Le temps de la récolte et de la vinification

Lorsque l'heure des vendanges sera venue, il faudra vous armer de votre sécateur et de paniers pour y entreposer les fruits, avant de trier les grains moisis ou pourris. Pour effectuer la vinification (transformation du moût du raisin en vin), si vous avez récolté plus de 50 kg de fruits, il faudra investir dans des cuves en inox et d'autres accessoires (pompes, fouloir-égrappoir, passoires fines…).
Avant toute chose, vous devrez d'abord vous lancer dans l'égrappage, c'est-à-dire séparer les grains des rafles, puis fouler le raisin pour en extraire le jus. Viennent ensuite deux étapes importantes : mesurer le taux de sucre et contrôler l'acidité. Si le moût ne contient pas assez de sucre, le vin sera trop faible en alcool et ne pourra pas se conserver. Aussi, si l'acidité de votre vin est insuffisante, vous pouvez ajouter de l'acide tartrique, de l'acide ascorbique ou des grains encore verts écrasés. Si l'acidité est trop forte (c'est rare), vous pouvez passeriller le raisin, c'est-à-dire le faire mûrir sur un lit de paille, afin de compléter la maturation.
La fermentation, le décuvage, l'élevage (phase de transformation pour purifier le vin et le structurer) et la clarification (pour le rendre le plus limpide possible) viendront achever le processus. Si vous choisissez de faire du vin blanc sec, quelques étapes supplémentaires devront être ajoutées comme le pressurage.

La mise en bouteille

Enfin, il faudra mettre votre vin en bouteille. Pour un rouge, qui craint la lumière, l'utilisation de contenants teintés est préconisée. Vous pouvez soit opter pour des bouteilles de récupération (la solution la plus économique), mais leur nettoyage est fastidieux et chronophage, soit pour des contenants neufs, achetés par palette. Une fois le délai d'élevage respecté (environ six mois), vous pourrez embouteiller votre vin et le boucher.
Pour ce faire, vous avez le choix entre les bouchons en liège naturel et stérilisés qui permettront une conservation optimale de votre cru, ou les bouchons en liège reconstitués, agglomérés avec de la colle. Les vins qui contiennent peu de sulfites pourront être scellés avec des capsules ou des vis.
Après leur remplissage, les bouteilles doivent être maintenues debout quelques jours et à l'abri de la lumière pour les rouges. Il suffira ensuite de les stocker couchées sur des étagères. Dans l'idéal, elles se conservent à une température de 12 °C, dans l'obscurité avec une humidité de 70 %.
Enfin l'heure de la dégustation ? Eh non ! Il va falloir être encore patient et attendre deux mois avant d'ouvrir votre premier cru...

À lire

Faire son vin bio dans son jardin, Jean-Claude Le Bihan, éditions Terre vivante, 25 €.

M.K
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