La pollution de l'air n'est pas seulement nocive pour les poumons. C'est qui ressort de la première évaluation quantitative d'impact sur la santé (EQIS) sur le sujet menée par Santé Publique France. Publiés en janvier dernier, les résultats montrent qu'outre la survenue de maladies respiratoires, la pollution atmosphérique est également responsable de pathologies cardiovasculaires et métaboliques.
Près de 18 000 AVC liés à la pollution
Ces résultats complètent la précédente EQIS qui s'intéressait à la mortalité liée à ce facteur polluant. Publiés en 2021, les résultats dressaient le bilan alarmant de près de 40 000 décès imputables à l'exposition aux particules fines (PM 2,5) et 7 000 au dioxyde d'azote (NO2) en France chaque année. L'agence, qui s'intéresse cette fois aux morbidités de la pollution atmosphérique, relève que près de 12 à 20 % des nouveaux cas de maladies respiratoires sont liées à ce facteur chez les enfants. Chez l'adulte, Santé publique France estime que la pollution de l'air est responsable chaque année d'entre 7 et 13 % des nouvelles maladies respiratoires, cardiovasculaires ou métaboliques, soit 78 000 cas d'hypertension, 18 000 AVC et 14 000 cas de diabète de type 2.
Valeurs guides de l'OMS, un nécessaire alignement
Sylvia Medina, coordonnatrice du programme Air et santé de Santé publique France, précise le mécanisme à l'œuvre derrière ces tueuses invisibles : « les particules fines PM2,5 pénètrent très profondément dans les voies respiratoires et peuvent traverser les parois alvéolaires et rejoindre la circulation sanguine. C'est pourquoi, au-delà de l'appareil respiratoire, ces particules fines peuvent contaminer différents organes, au niveau cardiovasculaire ou neurologique. » L'étude souligne que 57 800 cas d'hypertension artérielle, 6 000 cas d'infarctus du myocarde et 7 400 cas d'AVC pourraient être évités si le niveau de pollution en France s'alignait sur les valeurs guides de l'OMS. Outre ces dernières, la législation européenne fixe également des normes en matière de qualité de l'air qui obligent les États membres. En 2023, le Tribunal administratif de Paris condamnait ainsi l'État français à indemniser des enfants victimes de la pollution de l'air, constituant le premier cas de réparation des préjudices subis par des particuliers liés à la pollution atmosphérique en France.