Depuis quelques années, bon nombre d'officines et de centres spécialisés prônent les vertus de la thérapie par le laser pour arrêter de fumer. Si cette pratique est en vogue, est-elle réellement efficace ? Décryptage avec un spécialiste.
Hypnose, homéopathie, mésothérapie, acupression ou encore électrostimulation, il existe de nombreuses méthodes pour un sevrage tabagique non médicamenteux. À cette liste non exhaustive s'ajoute la thérapie par le laser, une technique qui soulève une myriade de questions. En quoi consiste-t-elle ? Par qui est-elle pratiquée ? A-t-elle de réels bénéfices ? On vous dit tout.
Une seule et unique séance
Nul besoin d'avoir une ordonnance d'un médecin pour pouvoir suivre des séances de laserothérapie. Il suffit de prendre rendez-vous dans un cabinet spécialisé. Après avoir dressé un premier bilan de la consommation tabagique du patient, le praticien vient, à l'aide d'un laser, stimuler des points bien précis du système nerveux. Un principe semblable à l'acupuncture, si ce n'est que les aiguilles sont remplacées par de microvibrations.
« Je fumais un paquet par jour jusqu'à ce qu'un ami me conseille cette méthode qui avait fonctionné sur lui. J'ai donc consulté une praticienne qui m'a parlé du fonctionnement de l'addiction à la cigarette avant de procéder au laser », explique Arthur, un patient de 30 ans ayant testé la laserothérapie.
Si cette méthode se targue d'être indolore, sans danger ni effets secondaires grâce à l'utilisation d'un laser dit « doux » (qui propulse une lumière aux alentours de 60 Watts), elle serait également efficace en une seule séance. Arthur le confirme : « Il m'a suffi d'une seule session d'environ 45 minutes. Depuis 1 mois et 2 semaines, je n'ai pas touché à une seule cigarette. »
Une pratique dont il faut se méfier
Si cette solution paraît miraculeuse et contribue à sevrer certains fumeurs, il est important de bien se renseigner avant d'essayer. En effet, interrogé sur le sujet, le Pr Daniel Thomas, porte-parole de la Société francophone de tabacologie (SFT), rappelle avant toute chose que cette méthode de sevrage tabagique n'est pas reconnue scientifiquement, faute d'études et de résultats probants. N'ayant pas été validé par l'Ordre des médecins, le sevrage au laser n'est donc pas remboursé par l'Assurance maladie, contrairement aux substituts nicotiniques.
Le professeur alerte également sur la publicité de certaines officines qui annoncent que « 99% de leurs clients sont satisfaits ». Il s'agit d'établissements parfois franchisés et de séances de laserothérapie réalisées par des praticiens qui ne sont pas médecins, représentant ainsi un exercice illégal de la médecine. Une aberration pour le professeur qui dénonce certains sites sur lesquels il est possible de postuler en tant que praticien de laserothérapie, en fournissant simplement un diplôme ou une expérience de travail dans les domaines de la santé, du paramédical, du bien-être ou du coaching ; la pratique s'apprenant lors d'une formation interne.
Enfin, puisqu'avoir recours au laser pour arrêter de fumer n'est pas une méthode validée scientifiquement, la question de l'effet placebo se pose. La laserothérapie permet-elle aux fumeurs désespérés de tenter une énième approche synonyme de nouvel espoir ? Aux fervents défenseurs des médecines alternatives, une nouvelle aide non conventionnelle ? Ou est-ce que certains individus répondent mieux à ce type de traitement que d'autres ? La science n'a pas encore répondu à la question...
Arthur conclut : « En réalité, je pense que la laserothérapie est uniquement un placebo, mais ça permet de définir un point de départ symbolique, une date à laquelle on se tient, de commencer un processus et de ne pas lâcher. »