Cerise, groseille, F1, ancienne, russe, beefsteak, ananas ou jaune, il n'est pas toujours simple de choisir dans le patrimoine folklorique des jardiniers quelles variétés de tomate on veut planter. Plus obscur encore, est le port de ladite variété, qui peut-être déterminé ou indéterminé. C'est pourtant un choix… déterminant.
Couche lavable ou jetable ? Biberon ou tétée ? Tétine, pouce ou rien du tout ? À peine venu au monde, et déjà il faut faire preuve de détermination dans la vie. Et ce n'est qu'un début : au beurre ou à l'huile ? PC ou Mac ? Vin blanc ou vin rouge ? PSG ou OM ? Tongs ou claquettes ? Et la culture des tomates ne déroge pas à la règle : taille des gourmands, traitements, tuteurage, tout doit être déterminé, y compris le port.
D'un naturel indéterminé
Sous sa forme naturelle, la tomate (Solanum lycopersicum) est une liane vigoureuse, dont le port est dit « indéterminé », c'est-à-dire que sa tige croît sans fin, produisant en alternance un bouquet de fleurs toutes les deux à quatre feuilles. À l'aisselle de celles-ci est susceptible d'apparaître une nouvelle tige, que les jardiniers qualifient de « gourmand » et suppriment. En réalité, le terme est inapproprié car ces pousses secondaires sont tout à fait aptes à produire des tomates sans perturber la plante. Mais elles gênent en revanche le jardinier qui tuteure ses plants. Sous nos climats tempérés, c'est le gel qui tue ces tomates, tandis que sous les climats tropicaux, les pieds peuvent rester productifs pendant plusieurs années et atteindre dix à quinze mètres de longueur. Ce type de tomates est de loin le plus répandu dans le commerce, que ce soit sous la forme de plants ou de semences.
Une détermination nouvelle
Après avoir été acclimatée, domestiquée, hybridée et croisée dans tous les sens, la tomate a fini par développer un autre type de port, dit « déterminé ». Il s'agit de plantes qui émettent leurs bouquets de fleurs au bout des tiges, quasiment au même moment et sans former de gourmands. Si bien qu'après la floraison et la fructification, la plante stoppe sa croissance et meurt naturellement en fin de cycle végétatif, bien avant l'arrivée du premier gel.
Avantages et inconvénients du déterminisme
Les tomates à port déterminé forment de petits buissons, relativement trapus, qui dépassent rarement le mètre de hauteur. Portées par une tige solide, elles ne nécessitent donc pas de tuteurage. Après avoir émis une petite dizaine de bouquets, elles cessent leur croissance, ce qui leur permet de concentrer toute leur énergie à la fructification et les amène à mûrir plus précocement. En revanche, leur production se limite à quelques grappes de fruits qui arrivent à maturité à peu près toutes en même temps. On ne peut donc pas en récolter les fruits tout au long de la saison.
Déterminer la stratégie
Il est intéressant de se tourner vers les tomates à port déterminé lorsque l'on souhaite obtenir des récoltes précoces. Ce sont donc les variétés à privilégier dans les régions où les saisons sont courtes, en altitude notamment. En outre, leur production concentrée dans le temps les destine en particulier à la préparation massive des coulis et des conserves. La tomate à port déterminé aura généralement les faveurs du jardinier paresseux, qui ne souhaite pas s'encombrer du suivi du tuteurage ou du pincement des gourmands. Cependant, planter quelques pieds à port déterminé en complément d'une plantation « à long terme » de tomates à port indéterminé permet d'avancer la période des premières récoltes de deux à trois semaines.
Quelles variétés ?
Parmi les variétés à port déterminé, citons, entre autres, la biscornue « Voyage », la fameuse « Roma », la très précoce « Siberian », la cerise jaune « Gold Nugget » ou la verdoyante « Green sausage ».