Si la bignone requiert une taille annuelle, ce n'est nullement pour son bien-être, mais bien pour le vôtre. En effet, elle n'a besoin de personne pour fleurir chaque été. En revanche, si vous ne voulez pas vous retrouver débordé par cette liane vigoureuse, mieux vaut la refréner régulièrement.
Non, le jardinier n'est pas Hercule et la bignone n'est pas l'Hydre de Lerne. Quoique… à trop la laisser s'émanciper, elle pourrait devenir ce serpent mythologique pourvu de multiples têtes qui se dédoublaient à mesure que le demi-dieu les coupait. Du mythe à la réalité il n'y a parfois qu'un pas.
Sonnez trompettes !
Bien qu'il existe plusieurs espèces proches, c'est la bignone de Virginie (Campsis radicans) que l'on retrouve le plus souvent dans les jardins. Vigoureuse plante grimpante, qui, comme le lierre, s'accroche à son support par le biais de crampons, c'est une liane à feuillage caduc et à l'abondante floraison estivale. Elle arbore de juillet à septembre des fleurs en trompette à long calice tubulaire, jaune, rouge ou orangé selon les variétés.
Des besoins réduits
Habituée des sols pauvres et secs, la bignone n'a besoin de rien pour fleurir, si ce n'est d'un peu d'eau durant les premières années. Elle n'a pas non plus besoin de taille, même si celle-ci permet de densifier sa floraison, en démultipliant les repousses florifères. Ce sont plutôt les contraintes rencontrées par le jardinier qui rendent cette taille nécessaire. En particulier lorsqu'il s'agit de maîtriser son développement très expansif.
Une force de la nature
En effet, à l'instar de la glycine, la bignone fait partie des plantes grimpantes très vigoureuses, dont les sarments peuvent croître de plus d'un mètre au cours de la saison. Puissants, ils ont la capacité, lentement mais sûrement, de soulever des tuiles, de desceller des pièces de maçonnerie ou de tordre des supports trop faibles. Lorsqu'elle est plantée sur les façades ou que sa ramure se rapproche des toitures, il est donc primordial de pouvoir la circonscrire.
Au cœur de la jungle
La taille permet aussi d'éviter que la base de la plante ne se dégarnisse et donc, de maintenir une floraison homogène sur toute sa hauteur. Il existe néanmoins des situations, notamment lorsqu'elle pousse sur les façades, où un tronc dénudé est préférable, afin de permettre l'ouverture des portes et des fenêtres sans encombre. C'est d'ailleurs une autre manière de mettre la plante en valeur. Enfin, la taille permet d'éviter que la bignone ne se transforme en un enchevêtrement inextricable de sarments qui, avec le temps, finiraient par se frotter et se blesser les uns les autres.
À vos sécateurs
Puisqu'il s'agit d'une plante à floraison estivale, la taille de la bignone peut se pratiquer durant toute la période hivernale, depuis la chute des feuilles jusqu'au début du printemps. Elle est identique pour la plupart des espèces. Après avoir éliminé les sarments chétifs, morts ou mal orientés, la technique la plus simple consiste à tailler la bignone comme on taille la vigne, en rabattant les sarments au-dessus du deuxième œil (c'est-à-dire en ne laissant que deux bourgeons à leur base). Toutefois, il est possible de rallonger cette taille à trois, quatre ou cinq yeux, selon la place disponible. Attention, il n'est pas rare de devoir rabattre des sarments d'un mètre cinquante et plus !