La patate douce a pour elle beaucoup d'avantages : une culture facile, une productivité élevée, pas de maladies ou de ravageurs connus et une saveur sucrée originale. Son principal défaut est d'être chère et difficile à trouver à l'état de plant dans les jardineries. D'où l'intérêt de les faire soi-même.
La patate douce est un véritable petit iceberg, dont la partie émergée, un foisonnant feuillage, est, comme il est inscrit dans le dictionnaire, « un élément superficiel qui ne laisse pas deviner l'ensemble beaucoup plus important dont il fait partie ». Beaucoup plus importants sont, en effet, les kilos de tubercules cachés sous la terre. Cela dit, une précision s'impose, ce n'est pas une patate douce qui envoya le Titanic par le fond.
Une liane comestible
Ce que nous entendons par patate douce (Ipomoea batatas) est un tubercule d'ipomée tropicale, une belle et vigoureuse liane grimpante. C'est un légume-racine, dont le goût sucré et délicat, à l'instar de la courge musquée, offre de nombreuses possibilités culinaires. Sa culture, facile, sans contrainte et productive s'est récemment propagée dans les jardins.
Rareté fait cherté
Ainsi que la plupart des légumes originaux et insolites, les plants de patates douces sont rares et chers. Là où, en jardinerie, un godet de tomate coûte moins d'un euro, celui de la patate douce est vendu le triple, voire plus. Or, ce légume facile à conserver tout l'hiver est pourtant intéressant à cultiver en masse afin de constituer des réserves conséquentes, au même titre que la pomme de terre. Il est donc recommandé de faire ses plants soi-même, afin de réduire les « coûts de production ».
Simplicité et prix modique
Les plants de patates douces se préparent dès le mois de février, à partir d'un simple tubercule, que vous n'avez qu'à acheter, à prix modique, au rayon légumes d'un magasin bio. Il existe plusieurs techniques pour obtenir des plants, mais la plus simple reste celle dite des « tronçons », dont le taux de réussite est excellent. Elle est plus indiquée pour le jardinier amateur que le bouturage.
Comment faire ?
Sans les éplucher, coupez vos tubercules dans le sens de la longueur, puis en tronçons épais qui prendront la forme de demi-lunes. Coupez des bouteilles plastiques d'eau minérale en deux, percez le fond pour le drainage, puis remplissez-le d'un mélange drainant de terreau (70 %) et de sable (30 %). Enterrez-y la partie constituée de chair, en laissant affleurer sous la surface le sommet arrondi du tronçon, car c'est sur la peau que les jeunes pousses vont apparaître. Replacez la partie supérieure de la bouteille en la fixant avec du scotch. Vous obtiendrez ainsi des mini-serres dont l'atmosphère, saturée d'humidité, sera favorable au développement des plants. Maintenez le substrat humide en procédant à des arrosages par le goulot, en revissant le bouchon à chaque fois.
Indispensable chaleur
Quand les conditions de luminosité, de chaleur et d'humidité leur siéent, les plants se développent rapidement en longues lianes volubiles. La difficulté consiste à leur offrir une chaleur suffisante, soit une température constante autour des 25 °C, dans une ambiance humide, ce qui permet une croissance rapide, sans risque de pourrissement. Placez donc vos pots le plus près possible d'une source de chaleur, à l'intérieur de la maison. Plus les lianes seront longues et touffues au moment de leur mise en terre, plus les pieds seront vigoureux et productifs par la suite. Lorsque cela devient nécessaire, retirez la partie supérieure des bouteilles pour laisser les pousses se développer à l'air libre.
Terre en vue !
Les plants pourront être repiqués lorsque les dernières gelées ne seront plus à craindre, soit, tant qu'à faire, après les saints de glace du mois de mai.