Il y a peu de gestes aussi forts et aussi beaux que de planter un arbre après le décès d'un proche. C'est une jolie manière d'en perpétuer le souvenir et de symboliser la vie, par-delà la mort. C'est d'ailleurs un acte si intense qu'il faut prendre toutes les précautions pour ne surtout pas le rater.
Il y a des jours où les blagues et les jeux de mots introductifs ne sont pas à l'ordre du jour. Parce qu'un être cher est parti, parce qu'il vous manque déjà, et que, si tout n'est pas totalement dépeuplé, pour un temps en tout cas, votre horizon est un désert. D'où l'intérêt de le reboiser au plus vite.
Un symbole fort
La plantation d'un arbre du souvenir est un acte hautement symbolique qui vise à prolonger la mémoire d'un défunt. Même si n'importe quel végétal peut être choisi pour cette « incarnation », il est généralement admis qu'il est plus judicieux de se tourner vers un arbre. Que l'essence soit choisie pour son ampleur, son port, son ombrage, ses fruits ou sa symbolique, la longévité d'un arbre permet le recueillement de plusieurs générations successives.
L'importance du lieu
Avant même le choix de l'essence, l'emplacement est le premier critère, fondamental, à prendre en compte. L'arbre doit être implanté dans un environnement qui garantira son intégrité : un champ, un jardin ou toute autre zone autorisée où aucune construction, extension, route, ou nouveau quartier futurs ne pourront nécessiter un jour son abattage ou son élagage. Attention aux règles de débroussaillement anti-feu et au respect des distances avec le voisinage qui pourraient vous contraindre. Enfin, tant que cela est possible, le lieu devra rester accessible à tous ceux qui souhaiteront venir se recueillir auprès de lui. De fait, la plantation en pleine nature peut être tentante mais elle est, sauf erreur de notre part, a priori interdite.
L'interdiction du raté
À partir du moment où la décision est prise de planter un arbre du souvenir, c'est une entreprise que l'on ne peut pas se permettre de rater. Étant donnée la symbolique excessivement forte portée par l'arbre, il n'est pas envisageable qu'il puisse mourir prématurément. Ce serait alors ressenti comme une seconde mort par tout l'entourage. Après l'emplacement, il faut donc consciencieusement réfléchir à l'essence la mieux adaptée, à la taille du trou et au substrat qui y sera versé, à l'installation de tuteurs, à l'arrosage et à l'éventuel entretien futur. Tout doit être parfaitement étudié afin de limiter le risque d'échec. Ainsi est-il parfois plus sage de choisir une espèce endémique peu majestueuse, mais bien adaptée aux conditions de culture plutôt qu'un roi des forêts aux exigences inassouvissables.
Que planter ?
Si toutes les essences peuvent convenir, il est néanmoins important, afin de mettre toutes les chances de votre côté, de sélectionner un petit sujet. En effet, plus il sera jeune, plus il sera simple à mettre en terre, plus sa reprise sera facilitée et plus il deviendra autonome rapidement. Puisque le temps ne compte pas, et que rien n'est pressé, un tout jeune arbre d'à peine un mètre de haut peut faire parfaitement l'affaire.
Un cas concret d'échec
Le 24 avril 2018, dans les jardins de la Maison Blanche à Washington, les présidents Macron et Trump plantent ensemble un arbre du souvenir issu des forêts du nord de la France où périrent plus de 2 000 soldats américains durant la seconde guerre mondiale. Censé symboliser le lien indéfectible qui unit les deux pays, le chêne n'a pas survécu à la plantation.
La tentation du semis
Le semis en pleine terre d'un gland, d'une noix ou de toute autre graine permet d'implanter discrètement un arbre dans n'importe quel endroit. Et la symbolique n'en est que plus forte.