Une nouvelle saison qui commence, ce sont des travaux de taille qui reprennent. Nos esprits étant désormais assez éclairés sur les problèmes de transmission de virus et de maladies, profitons-en pour leur rappeler l'importance de la stérilisation des outils de taille.
Puisqu'il est relativement compliqué de confiner un rang de tomates ou de pratiquer un prélèvement par écouvillonnage sur un pommier, puisque la distanciation sociale est incompatible avec la notion de haie paysagère et qu'un massif de rosiers n'est rien d'autre qu'un immense cluster de cas contacts, il est donc hautement recommandé au jardinier d'adopter les gestes barrières et d'utiliser une solution de type hydroalcoolique lors de la taille de ses plantes afin de stériliser les lames des outils et d'éviter les contaminations. Et pour une fois, le port du masque n'est pas obligatoire !
Maladies à gogo
Il circule dans les jardins tout un tas de maladies, graves ou bénignes, fulgurantes ou lentes, cryptogamiques, virales ou bactériennes, plus ou moins redoutables selon leurs caractéristiques et l'état de santé de la plante hôte. Transportées par le vent ou l'humidité, inoculées par les insectes piqueurs ou présentes dans le sol, elles sont difficiles à anticiper, malgré les traitements préventifs. Cependant, l'une de leurs principales voies d'entrée dans les tissus végétaux sont les blessures, ce qui inclut par extension logique les plaies laissées par les outils de taille.
Chaîne de transmission
S'il n'est pas toujours simple d'empêcher l'arrivée d'une maladie sur une plante, il est en revanche facile de prendre des mesures afin de réduire le risque qu'elle ne se propage aux voisines. À ce titre, la stérilisation des lames des outils de coupe doit devenir un réflexe. En effet, à chaque fois que l'on taille une tige ou une branche, il se dépose sur la lame un peu de sève qui contient la maladie. Si l'on ne stérilise pas la lame, la maladie pourra être transmise à la plante voisine lors de la taille suivante.
Stérilisation
Il suffit de passer sur les lames de coupe un peu d'alcool à brûler ou à 90° pour les désinfecter aussitôt. Pour ce faire, la meilleure technique est la projection rapide du produit pur, sur les deux côtés des lames de sécateur, ébrancheur, cisaille, échenilloir, scie ou même chaîne de tronçonneuse, à l'aide d'un pulvérisateur de produit à vitres. Rapide, efficace et peu gourmand en produit, c'est un geste simple à adopter d'urgence. L'utilisation du vinaigre blanc, dont le spectre d'action n'est pas assez large, et celle de l'eau de Javel, dont la nocivité pour les plantes, le jardinier, le sol et les outils est avérée, sont à proscrire.
Quand stériliser ?
La stérilisation des outils de coupe ne sert à rien tant que l'on taille la même plante, puisque la maladie étant soit absente, soit déjà présente, il n'est pas possible de la « transmettre ». Elle n'est pas non plus nécessaire si l'on taille deux végétaux d'espèces différentes, les maladies étant spécifiques à chacune d'entre elles. Il n'est par exemple pas possible de transmettre la rouille d'un poirier à un rosier, ou l'oïdium de la vigne à la courgette, même si chacune de ces plantes y est sensible. À chaque espèce, son propre variant. En revanche, parmi les arbres fruitiers, attention aux cerisiers, abricotiers, amandiers, pruniers, pêchers, qui font tous partie de l'espèce des Prunus. Désinfection obligatoire ! Idem lors des tailles successives de rosiers, buis, cyprès, lauriers-roses, etc.
Indistinctes haies
Peine perdue pour les tailleurs de haies, dont les inextricables rameaux enchevêtrés ne permettent pas de distinguer les différents individus qui les composent. La désinfection est impossible, c'est d'ailleurs ce qui explique la propagation rapide des maladies en leur sein.