Il est tentant de vouloir mettre en terre ses plants de tomates le plus tôt possible, afin de récolter les premiers fruits au plus vite. Si le risque de gel est un danger redoutable et bien connu, d'autres problèmes plus confidentiels guettent le jardinier trop pressé. Qui va piano va sano !
« Dis donc minot, t'es pas un peu fada de planter tes tomates aussi tôt ? À tous les coups, elles vont prendre le froid et se trouver toutes rastègues. Peuchère, les saints de glace, c'est pas fait pour les chiens ! Mets-y plutôt des variétés précoces dans ta terre si tu veux faire la ratatouille avant les autres ».
Gel mortel
C'est généralement clair dans la tête des jardiniers : il est primordial de planter les tomates après que le risque des dernières gelées de printemps est passé. En effet, la plante est gélive, d'autant plus qu'elle est jeune, et un léger coup de gel suffit à la tuer. C'est pourquoi on dit de ne pas mettre les tomates en terre avant les saints de glace du 11, 12 et 13 mai. Mais il est fréquent, selon les régions, que le dernier coup de gel ait lieu dès le début du mois d'avril. Et peu à peu, les jardiniers ont pris l'habitude d'avancer leurs plantations, dans l'objectif de rapprocher la date des premières récoltes.
Mauvais coup de froid
Malheureusement, on sait beaucoup moins que les jeunes plants de tomate subissent des perturbations dès que les températures descendent sous les 5 °C. Ces coups de froid qui peuvent arriver encore tard en saison se caractérisent par un léger bleuissement du feuillage à peine perceptible. Ils ont pour conséquence d'affaiblir la vigueur du plant à un moment crucial de son développement. Si bien qu'il en résulte souvent un retard de croissance et un abaissement voire un anéantissement de la production pour tout ou partie de la saison. Les fameuses « années sans tomates » s'expliquent généralement par un coup de froid tardif sur des plants juvéniles.
Un ennemi en embuscade
L'autre problème de la mise en terre précoce des plants de tomates est leur exposition à des longues périodes de pluies, très fréquentes au milieu du printemps. Elles peuvent provoquer l'apparition du mildiou, LA maladie cryptogamique qui ravage les pieds de tomates. Ce champignon pathogène peut potentiellement apparaître dès que les températures atteignent 11 °C lorsque l'air est saturé d'humidité. Sur de jeunes plants, il est particulièrement mortel. Des pulvérisations préventives de fongicide s'avèrent alors nécessaires après chaque épisode pluvieux.
Récolter tôt quand même
Mais comment faire alors pour obtenir des récoltes hâtives si l'on ne peut pas avancer la date des plantations ? Le plus simple est de planter quelques pieds de variétés dites précoces, qui ont des mûrissements rapides, environ 45 et 65 jours après la mise en terre. Parmi elles, citons la championne du genre, la tomate précoce de Quimper, qui donne ses premiers fruits 35 à 40 jours seulement après la plantation. Beaucoup de variétés dites « russes » sont également relativement précoces : « Sub Artic Plenty » (50 jours), « Odessa » ou Sasha Altaï (55 à 60 jours). La Budaï Torpe est aussi très précoce. Attention, pour planter ces variétés de tomate, il faut généralement s'adresser à un grainetier et passer par la case semis, car on les trouve rarement à l'état de plant dans les jardineries.