Il faut avoir un cœur de pierre ou des problèmes de vue pour ne pas reconnaître au mélia son principal mérite : en pleine grisaille hivernale, il embellit le jardin de ses fruits marcescents. Une qualité qui se voit de loin, parmi d'autres, que nous allons voir de plus près.
Le mélia, encore une plante qu'il faut désigner par son petit nom latin si l'on ne veut pas semer la confusion. En effet, certains l'appellent lilas de Perse alors qu'il n'a rien de comparable avec notre lilas commun, pas plus qu'avec le lilas des Indes, qui n'est lui-même, ce serait trop simple, pas un lilas. Quant à son sobriquet de margousier, il le partage avec le neem, un proche cousin, ressemblant mais distinct, trop frileux pour être cultivé en France. Dans les lignes qui suivent nous appellerons donc le mélia, « mélia », afin que les vaches soient bien gardées.
Une belle lignée
Le mélia (Melia azedarach) est un arbre de la famille des méliacées, une sous-espèce d'acajou. Il a hérité de ce prestigieux lien de parenté un bois de grande qualité, au grain fin, teinté de rouge et insensible aux insectes xylophages. Dans le jardin, c'est un arbre caduc de taille modeste, qui peine à dépasser les dix mètres sous nos latitudes et qui sied donc bien aux petits espaces. Son feuillage dense, qui ressemble à celui du frêne (« mélia » signifie « frêne » en grec ancien), se développe en feuilles composées qui rassemblent de nombreuses folioles opposées le long d'un très long pétiole.
La déco de noël
L'apparition des feuilles se fait tardivement, vers la fin du mois de mai, quasiment en même temps que celle des fleurs. Regroupées en généreuses panicules d'une vingtaine de centimètres, celles-ci sont petites mais nombreuses, violettes et parfumées comme le lilas, très appréciées des abeilles. Les fruits mûrissent dans le courant de l'automne, sous la forme de petites drupes de la taille d'une grosse cerise et de couleur ocre jaune. Lorsque les feuilles tombent après avoir intensément jauni, les fruits restent accrochés aux branches nues durant de longs mois, formant une décoration hivernale originale. Mais attention, ils sont toxiques. Néanmoins leur odeur nauséabonde dissuade de les consommer. Pour autant, certaines espèces d'oiseaux s'en délectent et en dispersent les graines.
Une culture facile
Originaire du nord de l'Inde, le mélia préfère les sols humides à l'état naturel, quoiqu'il supporte parfaitement la chaleur et la sécheresse tout en présentant une rusticité remarquable (environ - 15 °C) une fois qu'il est bien enraciné. Installé au soleil, il s'accommode de tous les types de sol, ne présente aucune difficulté de culture particulière, supporte la taille, même sévère, et ne connaît aucun ravageur ou maladie particulière. Cependant son système racinaire relativement superficiel, qui laisse parfois échapper quelques rejets, impose de ne pas l'installer trop près des maisons ou des terrasses.
Des propriétés à utiliser
Le feuillage du mélia ainsi que les graines contiennent de l'azadirachtine, un composé organique aux propriétés insecticides voire antifongiques. L'épandage d'un tapis de feuilles dans les espaces clos (serres, remises…) agirait comme un insectifuge puissant. Les préparations naturelles à base de feuilles et de graines, sous la forme de macérations, purins ou décoctions qui permettent d'extraire et de concentrer les principes actifs sont très efficaces en pulvérisations diluées à 5 %. Agissant sur le métabolisme comme les produits à base de pyrèthre, elles provoquent indistinctement des dégâts sur les populations d'insectes auxiliaires, et il convient de les utiliser avec parcimonie.
Un départ en fanfare
Les jeunes mélias poussent très vite, atteignant, lorsque les conditions sont favorables, les deux tiers de leur taille adulte en l'espace de trois à quatre ans.