Le grenadier n'est pas tout à fait la plante que l'on croit. S'il a besoin de longs automnes ensoleillés pour mener à terme la maturation de ses fruits, sa rusticité, insoupçonnée, permet de le cultiver bien loin des rives de sa Méditerranée natale. Et voilà que tout un chacun, ou presque, peut profiter de sa très jolie floraison.
« Le Carthaginois rempli de grains », voilà ce que signifie le nom scientifique du grenadier : Punica granatum. Les Romains l'appelaient d'ailleurs « le pommier punique », c'est-à-dire originaire de Carthage. Deux mille ans et trois guerres puniques plus tard, il faudrait plutôt employer le terme de pommier tunisois, car ce qui était à l'époque une puissante cité phénicienne au Maghreb n'est plus aujourd'hui qu'une petite municipalité huppée de l'agglomération du Grand Tunis. Les temps changent.
Moins frileux que prévu
Le grenadier fait partie de ces plantes emblématiques du pourtour méditerranéen qui se plaisent sous le soleil, même le plus brûlant, tout en s'accommodant de la sécheresse. Et comme beaucoup d'entre elles, il est capable de résister à des températures assez basses, jusqu'à -15 °C pour les variétés les plus rustiques. Ainsi donc, l'aire théorique de culture du grenadier est-elle beaucoup plus vaste que son aire originelle.
De la chaleur quand même !
Cela dit, le grenadier reste une plante thermophile qui a besoin de chaleur, surtout lors de la fructification, et il n'est pas envisageable de récolter des grenades mûres, juteuses et sucrées, sans de longs automnes ensoleillés. De même, s'il se satisfait de tous les types de sols, encore faut-il que ceux-ci soient bien drainés afin d'éviter l'humidité stagnante au niveau des racines qui peut provoquer nécroses ou pourrissements et entraîner la chute partielle du feuillage. Enfin, il est sujet à l'oïdium, une maladie cryptogamique certes bénigne pour ce solide gaillard, mais qui laisse un inesthétique feutre blanchâtre sur les feuilles lorsqu'elles sont trop souvent mouillées par la pluie.
Il n'y a pas que la grenade dans la vie !
Pourtant, la production de fruits ne fait pas à elle seule tout l'intérêt du grenadier, qui possède de multiples qualités esthétiques. Son feuillage vert sombre et luisant constitue une parfaite trame de fond sur laquelle ses nombreuses fleurs rouges ou orange, aux pétales élégamment chiffonnés, se succèdent de mai à juillet. Portées par un épais calice cireux caractéristique, gorgées de nectar et de pollen, elles attirent en masse les insectes butineurs. En fin de saison, avant de tomber, le feuillage vire au jaune intense, faisant du grenadier une éclatante attraction. Puis les fruits, comestibles ou non, viennent décorer de leur forme si particulière, la ramure mise à nu. Quant aux troncs, ils laissent alors apparaître leur claire écorce qui se desquame avec distinction.
Vive les fleurs !
Outre les variétés fructifères, il existe des cultivars dits « à fleurs », dont la floraison est particulièrement généreuse, notamment grâce à des fleurs doubles aux coloris subtilement panachés. Certaines sont stériles quand d'autres produisent des petits fruits sans intérêt gustatif mais très décoratifs. Enfin, pour les régions trop froides, la variété « Nana », à la taille réduite, peut se cultiver en pot, et par conséquent s'hiverner facilement.