Le bougainvillier est un arbuste qui n'est jamais plus beau que lorsqu'il orne de façon spectaculaire les façades des maisons du pourtour méditerranéen. Hélas, dans la grande majorité des jardins français, sa frilosité le destine à l'exiguïté des pots où il ne pourra donner que le quart de la moitié de lui-même.
Bien dans ses feuilles et dans son époque, le bougainvillier est un pourfendeur de la théorie du genre, qu'il fait voler en éclat en passant sans sourciller au féminin lorsqu'on l'appelle bougainvillée. Viril quand il s'agit de faire face à la sécheresse, il étale au grand jour sa part de féminité quand il enfile sa belle garde-robe estivale et colorée qu'il arbore sans le moindre complexe. Malheureusement seuls les jardiniers bénéficiant d'un climat doux peuvent se permettre le luxe de l'installer en pleine terre, car peu rustique qu'il ou elle est, notre bel androgyne est cantonné aux pots partout ailleurs et contraint à l'hivernage. Sa flamboyance en prenant alors un sacré coup.
Du rêve à la réalité
Originaire des régions tropicales et subtropicales d'Amérique du Sud, le bougainvillier, ou la bougainvillée n'a qu'une rusticité moyenne (-8 °C maximum). Il n'est donc pas destiné à la pleine terre dans la plupart des jardins, en dehors des zones littorales. De fait, il convient de le placer en pot et de l'hiverner à l'abri du gel tous les hivers. Évidemment, ainsi circonscrit, il reste loin des dimensions et des floraisons faramineuses qu'il peut atteindre dans un environnement favorable. D'autant plus que pour initier une apparition massive de fleurs, il a besoin d'hiverner plusieurs mois dans un endroit lumineux, légèrement humide et ventilé, entre 5 et 15 °C, soit au mieux, une véranda. On comprend que les floraisons soient rarement luxuriantes lorsque le bougainvillier passe l'hiver dans l'intérieur chaud et sec de nos maisons.
Les soins dans le pot
Le bougainvillier est capable de fleurir tout l'été, de juin à septembre, à condition d'en prendre soin. Pour cela il est important de l'installer dans un large pot, rempli d'un substrat riche, frais et drainant, composé de deux tiers de terreau et d'un tiers de sable. Drainez le fond du pot avec un lit de billes d'argiles et laissez toujours sécher le substrat entre deux arrosages, ceci afin d'éviter l'humidité stagnante qu'il abhorre. Du printemps à la fin de l'été faites des apports réguliers d'engrais adapté aux plantes à fleurs afin d'assouvir son grand appétit. Par contre, dès la fin août, arrêtez toute nutrition, de manière à ce que la plante cesse sa croissance et que le bois de l'année durcisse. Durant l'hiver, n'arrosez qu'une seule fois par mois.
Un faux grimpant
Bien qu'il orne les murs et les pergolas des régions méditerranéennes où il s'est parfaitement acclimaté, le bougainvillier est un arbuste sarmenteux qui n'est pas capable de s'arrimer ou de s'enrouler de lui-même à son support. Même en pot, il est donc nécessaire de lui adjoindre un tuteur sur lequel il faudra l'attacher avec un lien sous peine de le voir s'affaler tant que son tronc et ses branches ne seront pas correctement lignifiés (durcis).
De la taille et des fleurs
En pot, la taille du bougainvillier se limite à des petites interventions destinées à maintenir un port harmonieux. Si vous devez y recourir, sachez que les floraisons apparaissent sur les rameaux de l'année précédente. Taillez donc en fin d'hiver, en laissant quelques yeux sur les branches que vous raccourcirez, sinon vous n'aurez pas de fleurs l'été suivant !
Appelons un chat, un chat
La floraison du bougainvillier est due à la coloration de ses bractées qui sont des feuilles terminales en partie avortées. Les véritables fleurs, noyées dans cet écrin flamboyant sont minuscules, blanches, et presque insignifiantes.
