Matériaux d'apparence naturelle, esthétiques et imputrescibles, les anciennes traverses de chemin de fer avaient entamé une reconversion réussie dans les jardins. Jusqu'à ce que l'on s'aperçoive de leur très haute toxicité…
Un matériau de choix
Les anciennes traverses de chemin de fer sont des poutres en cœur de chêne d'environ 2,60 m pour une vingtaine de centimètres de haut et de large. On les reconnaît facilement aux deux encoches destinées au passage des rails et aux trous des tire-fonds utilisés pour les y fixer. Ces retraitées de la SNCF, massives, usées et vieillies par le temps, ont un charme indéniable et sont encore employées dans les jardins en tant que bordures, murets ou marches d'escalier. Très lourdes mais tronçonnables, elles offrent de nombreuses possibilités d'aménagement.
Un déchet dans le jardin
Afin de rendre le bois imputrescible, les traverses sont traitées à la créosote de type C, un dérivé des dépôts de goudron issus de la combustion de la houille. Cette « huile de goudron », épaisse, visqueuse, noire et malodorante peut contenir une trentaine d'hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) dont le benzo[a]pyrène, classé dans le groupe 1 des agents cancérogènes pour l'homme. À ce titre, toute traverse SNCF se trouvant en dehors d'une voie de chemin de fer est considérée comme un déchet dangereux devant être retraité en conséquence, dans le cadre d'une filière spécialisée. Leur vente devrait légalement être accompagnée d'un « Bordereau de Suivi de Déchets Dangereux », informant l'acquéreur des restrictions d'usages et des modalités réglementaires de traçabilité et d'élimination finale.
L'avis du pro
Toxiques aussi pour les sols, les eaux et la faune, il est temps de bannir ces traverses de nos jardins en utilisant des alternatives. Certes, les nouvelles traverses en chêne, châtaignier ou acacia non traitées n'ont pas le chic patiné de leurs cousines ferroviaires et sont sans nul doute un peu moins durables dans le temps… mais beaucoup plus en termes écologiques.