Pendant l'été, l'épinard n'est pas à la fête. Peu familier avec les grosses chaleurs, il monte trop vite en graine pour pouvoir être cultivé correctement. Mais de nombreuses plantes aux qualités gustatives proches sont heureusement capables de prendre le relais durant la saison chaude. Des variantes à semer au plus vite.
C'est bien connu, « faute de grives, on mange des merles ». Extrapolons un peu et n'ayons pas peur de dire que faute d'épinards durant l'été, on mange des ersatz. En effet, il existe plusieurs plantes dont le goût n'a rien à leur envier, et qui sont, pour le coup, beaucoup plus adaptées à la chaleur estivale. Tour d'horizon de ces remplaçants de luxe.
Les temps sont durs
L'épinard, comme le petit pois ou la fève, ne supporte pas les longues et chaudes journées d'été. Incommodé par la chaleur, déstabilisé par la durée du jour qui s'étire à l'excès, il a tôt fait de monter en graine. Un phénomène qu'on ne saurait lui reprocher, car il est parfaitement naturel, mais dont les conséquences altèrent ses qualités gustatives : amertume prononcée, durcissement des feuilles, jaunissement et mort prématurée sont autant de facteurs qui conduisent jardiniers et jardinières à renoncer aux semis d'épinards entre le mois de mai et la fin du mois d'août.
Sages cultures de remplacement
Certes, il existe des variétés d'épinards d'été, a priori plus adaptées, mais leur culture s'avère délicate, car en cas de forte chaleur ou d'arrosage mal mené, les plants ne résistent pas au besoin de monter en graine. À l'inverse, il existe des plantes aux vertus culinaires extrêmement proches qui sont plus en adéquation avec les conditions de culture estivale. On les récolte, les prépare et les déguste exactement comme l'épinard.
Bonne sève ne saurait mentir
De la même famille que l'épinard, à savoir les Chénopodiacées, l'arroche (Atriplex hortensis) et le chénopode « Bon Henri » (Chenopodium bonus-henricus) font figure de vieux de la vieille, puisqu'ils étaient déjà cultivés dans les jardins vivriers du Moyen-Âge. Étant insensibles aux maladies et aux ravageurs et résistants aux chaleurs, leur culture, facile, peut s'étaler du printemps jusqu'aux premières gelées, voire durant tout l'hiver en ce qui concerne le second. Deux valeurs sûres qui ont été détrônées dans les plates-bandes par l'arrivée de l'épinard.
Belle et savoureuse
Insoupçonnable variante, l'amaranthe (Amaranthus caudatus) fait pourtant office de pis-aller remarquable. Cette imposante fleur annuelle agrémente d'ordinaire les massifs ornementaux du fait de ses magnifiques inflorescences roses ou jaunes très spectaculaires. Mais son feuillage une fois cuit révèle une saveur puissante, semblable à s'y méprendre à celle de l'épinard. Détruite par l'arrivée du froid hivernal, elle renaît aux quatre coins du potager grâce à ses minuscules graines qui se ressèment spontanément.
Si loin, si proche
Plus exotique, la claytone de Cuba (Claytonia perfoliata) est un succédané de choix. Ses feuilles épaisses, presque croquantes, peuvent se consommer crues ou cuites, exactement comme l'épinard. Malgré ses origines tropicales, elle supporte parfaitement le gel, ce qui permet de la récolter jusque tard dans la saison, à condition d'avoir effectué un deuxième semis au mois de septembre.