Si Mme A. n'a jamais récolté aucune noisette dans son jardin, c'est sans doute d'abord parce qu'elle a disposé ses deux noisetiers sans tenir compte d'un élément important : le vent. Erreur fatale !
Une floraison complexe
Avant de railler les méconnaissances botaniques de Mme A., il est quand même bon de rappeler que le noisetier est un des arbres fruitiers dont la reproduction sexuée est la plus complexe. Ses fleurs sont unisexuées, c'est-à-dire que les fleurs mâles et femelles sont des entités distinctes. Le noisetier est monoïque, c'est-à-dire qu'un même individu porte à la fois des fleurs mâles et femelles. Enfin c'est un arbuste anémophile, c'est-à-dire que le pollen de la fleur mâle est porté par le vent, et non par les insectes, jusqu'à la fleur femelle afin de la féconder.
Encore plus complexe !
Non contentes d'être unisexuées, monoïques et anémophiles (nos amis cruciverbistes se régalent sans doute), bon nombre de variétés de noisetier sont protandres, ce qui veut dire que le pollen des fleurs mâles se libère avant que les fleurs femelles ne soient réceptives et fécondables. Enfin, à quelques exceptions près, le noisetier est auto-incompatible, c'est-à-dire qu'un arbre ne peut de toute façon pas polliniser ses fleurs femelles avec ses propres fleurs mâles.
Deux impératifs
La principale erreur de Mme A. est d'avoir disposé ses noisetiers de part et d'autre de sa maison. Celle-ci créant un obstacle majeur à la dissémination du pollen par le vent d'un arbre à l'autre, il est probable que ce problème explique l'absence de fructification. Néanmoins, il faudrait également s'assurer que les deux arbres sont de variétés compatibles entre elles et que les périodes de floraison permettent le croisement des pollens. Heureusement, pour simplifier le choix des variétés, il existe quelques cultivars autofertiles (« Nottingham » ou « Merveiller de Bollwiller ») qu'il reste préférable de planter en groupe de deux ou trois individus, afin de favoriser une bonne pollinisation.