Le mimosa sensitif n'est pas devenu la star des laboratoires de neurobiologie végétale pour rien. Non seulement il est capable de rétracter son feuillage pour se protéger des prédateurs, mais il démontre de troublantes capacités mémorielles. Cultiver une plante d'intérieur intelligente, ça vous dit ?
Depuis que le Mimosa pudica est arrivé sous son toit, le chien de la maison est devenu jaloux. Pauvre animal, il n'est plus le seul à réagir quand on le flatte ! Mais au lieu de remuer la queue, la petite plante se rétracte étrangement comme dans un rapide frisson. Pire, à force de sentir la caresse de son maître, elle semble s'y habituer, donnant à ce dernier l'illusion de l'apprivoiser… Non vraiment, il ne manquerait plus qu'elle aboie quand arrive le facteur !
Un pudique exotique
Le mimosa pudique ou sensitif (Mimosa pudica) est un frêle arbrisseau tropical, originaire d'Amérique équatoriale. Membre de la famille des fabacées, son feuillage dense, rassemblé en petites folioles alternes très rapprochées, évoque celui du mimosa. S'il peut atteindre plus d'un mètre et devenir invasif à l'état naturel, il est rare que dans nos intérieurs, il dépasse les cinquante centimètres. Comme la plupart des plantes tropicales d'intérieur, il ne supporte pas les températures inférieures à 10° C et apprécie les substrats légers, quelque peu acides et les ambiances chaudes, humides et lumineuses, mais sans soleil direct. Il fleurit durant l'été en petits pompons bleu pâle ou roses.
Un grand sensible
Le Mimosa pudica intrigue les scientifiques par sa faculté à rétracter son feuillage très rapidement lorsqu'on le touche. Il s'agit là d'une réaction défensive, sans doute destinée à effrayer les insectes phytophages qui s'y poseraient, ou à feindre l'étiolement auprès des herbivores qui le goûteraient. En effet, une fois les feuilles repliées, la plante paraît malingre et donc peu appétissante. C'est grâce à des renflements aqueux, situés à la base des feuilles, qu'il vide au moindre choc grâce à des flux intra et intercellulaires, que le Mimosa pudica a acquis sa faculté de réaction fulgurante, unique dans le monde végétal. Cette capacité à réagir aux chocs est appelée thigmonastie.
Depuis longtemps déjà
Le grand botaniste Lamark (1744-1829) s'était déjà penché sur le cas du mimosa pudique et fendu d'une expérience étonnante. En faisant circuler dans Paris un carrosse rempli de plusieurs spécimens, il avait constaté que toutes les plantes se rétractaient d'abord sous les chocs provoqués par le bringuebalement de la voiture sur le pavé. Mais il fut étonné de constater qu'elles finissaient toutes par reprendre finalement leur posture normale malgré les secousses qui continuaient. La conclusion fut sans appel : constatant que les chocs n'engendraient pas de blessures, les plantes cobayes estimaient qu'elles étaient sans danger et s'épargnaient une manœuvre énergivore inutile.
Une mémoire sélective
Depuis ces temps ancestraux, la science a avancé et prouvé à maintes reprises la faculté mémorielle des plantes par rapport aux conséquences des intempéries ou des conditions de culture. Ainsi, le mimosa pudique ne se rétracte-t-il pas non plus sous le choc des gouttes de pluie. À force de le caresser, on pourrait donc lui apprendre à ne pas se rétracter… et à l'apprivoiser.