Adepte du jardin japonais, Mme L. a voulu en appliquer strictement les principes pour se créer un petit coin de zénitude. Malheureusement, vu ses conditions de culture, il aurait fallu agir avec plus de discernement. Erreur fatale !
Des jardins paysages
Le jardin japonais est une forme de paysagisme qui tend à imiter la nature et à s'y fondre. Régi par les codes complexes de la culture japonaise, c'est un art absolu et difficile à appréhender. En France, le jardinier amateur se contente généralement d'en appliquer les grands principes. La part belle est faite au minéral, sous forme de grosses pierres ou de graviers, symbolisant rivières, mers, rochers et montagnes, en jouant à l'extrême sur les apparences et les effets de perspective. On y croise plan d'eau et carpes koïs, portail taoïste, les indétrônables bambous, azalées et érables, ainsi que des arbustes taillés en nuages (niwakis) qui rendent une atmosphère fraîche, agréable, et reposante, très en vogue.
Des conditions particulières
Mais le jardin japonais, au sens strict du terme, est originaire d'un territoire où les conditions de culture sont spécifiques. Le climat y est en toute saison assez humide, et le sol est plutôt acide. Les végétaux utilisés là-bas sont adaptés à leur terroir et il est compliqué de les utiliser dans d'autres conditions. Ainsi, dans le sol sec et calcaire de Mme L., les fragiles plantes acidophiles, avides d'humidité, de fraîcheur et d'ombrage, n'ont pas supporté le soleil de plomb du premier été. Coup de chaud, insolation, chlorose ferrique, anémie, mort brutale, besoins en eau démesurés, ont été son chemin de croix.
Adaptation, le maître mot
Des conditions de culture inadaptées n'empêchent cependant pas de créer un jardin zen. En gardant les principes de base (minéralité, perspectives appuyées, ombrages, cloisonnements, point d'eau, niwakis…), il est possible de recréer des ambiances similaires tout en utilisant des végétaux adaptés à son propre terroir et aux canons du jardin zen.